mercredi 26 janvier 2022

« Ça se passe en Europe », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Alors que le Pentagone faisait monter la tension dans la crise ukrainienne en décidant de placer 8 500 hommes en état d’alerte, prêts à se déployer en Europe avec l’Otan, Joe Biden, dans la soirée de lundi, s’employait à resserrer les rangs de ses vassaux, entendons par là les principaux dirigeants de l’Europe. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, le président du Conseil européen, Charles Michel, le chancelier allemand, Olaf Scholz, le président polonais, Andrzej Duda, le premier ministre britannique, Boris Johnson et le président français, Emmanuel Macron. Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, était également des conversations.

Hier, mardi, les forces armées russes lançaient à proximité de l’Ukraine et de la Crimée de nouvelles manœuvres.À ce jeu où chacun entend montrer ses muscles, le pire est toujours possible. Un conflit armé serait catastrophique et les pays européens qui poussent les feux, comme le font la Pologne ou la Grande-Bretagne, ne semblent pas le mesurer. Sans même en arriver à ce stade, les conséquences économiques et géostratégiques de cette tension peuvent être très lourdes pour les peuples.

Il ne fait aucun doute que la Russie de Poutine fait monter les enchères à sa frontière avec l’Ukraine. Ce n’est pas une raison pour en ignorer les raisons. En une vingtaine d’années, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, les pays baltes, la Roumanie, la Macédoine du Nord et d’autres ont rejoint l’Otan. L’Ukraine, depuis la « révolution orange » de 2004-2005, voudrait le faire. Pour les États-Unis, il s’agit bien, dans leur stratégie de superpuissance et de rivalité avec la Chine, de tenir la Russie en respect, en la pressant à ses frontières. Il y a quelques jours, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen souhaitaient une réunion de toutes les parties prenantes. L’Europe a été tenue à l’écart des discussions entre les négociateurs russes et américains, pour être au total appelée à se ranger aux positions des États-Unis et à la stratégie de l’Otan. Cela ne peut pas durer quand c’est sur son sol que cela se joue.

 

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