En serrant la main des dirigeants du Golfe, peut-être le président de la
République s’est-il remémoré les mots qu’il prononçait, il y a à peine un
an, auprès de certains de nos confrères. « Des éléments comme la
dignité de la personne humaine, qui étaient des intangibles, et dans lesquels
au fond s’inscrivaient tous les peuples des Nations unies, tous les pays
représentés, sont maintenant mis en cause, relativisés », déplorait Emmanuel
Macron. On n’en finirait pas de lister les violations des droits humains,
crimes et autres atrocités auxquels les hôtes de ce week-end du président
français se trouvent liés. La plus écrasante responsabilité revenant aux
dirigeants saoudien, Mohammed Ben Salmane, et émirati, Mohammed Ben Zayed,
dits « MBS » et « MBZ », dans la barbarie du conflit yéménite, cause de la
mort de 377 000 personnes à ce jour.
À l’heure même où Emmanuel Macron concluait la vente de 80 Rafale avec
son « ami » MBZ, vendredi, une plainte visant ce dernier et son homologue
saoudien était déposée à Paris pour crimes de guerre, torture, disparitions
forcées et participation au terrorisme. Rappelons au passage qu’il n’y a plus
de doute sur l’implication de MBS dans l’assassinat, en 2018, du journaliste
Jamal Khashoggi. Le nom de celui-ci n’a même pas été prononcé par Emmanuel
Macron, lors de la première entrevue officielle à ce niveau depuis cette
affaire entre un dirigeant occidental et le monarque.
Quant à MBZ, il a été
sermonné en ces termes : « Le président français a félicité Son Altesse
à l’occasion de la fête nationale (…), et il a salué les avancées qu’a connues
le pays depuis cinquante ans », rapporte la déclaration commune
franco-émirati, qui dresse l’inventaire des partenariats économiques et de
défense entre les deux États. Et les deux dirigeants de vanter en chœur « les
valeurs de paix » et le « renoncement à toute forme de
terrorisme, d’extrémisme ». La boucle est bouclée : on ne verra pas
l’ombre ici d’une « relativisation de la dignité humaine ». Une
précision : la diatribe de l’an dernier d’Emmanuel Macron visait la Chine et la
Russie. Vous avez dit « relativisation » ?
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