En politique peut-être plus qu’en tout autre domaine, la peur n’est jamais
bonne conseillère. Face à la vague Omicron, le Conseil des ministres
extraordinaire convoqué ce lundi aurait intérêt à ne pas céder à la panique
s’il ne veut pas qu’elle gagne le pays, et à se garder de toute mesure qui
viendrait augmenter une tension déjà palpable. Le risque est là, et la porte
étroite entre, d’un côté, la nécessaire adaptation de nos règles sanitaires au
nouveau variant et, de l’autre, la sauvegarde d’une cohésion sociale mise à mal
par deux ans de pandémie qui ont aggravé toutes les fractures.
La transformation du passe sanitaire en passe vaccinal cristallise les
appréhensions. Si l’accroissement du nombre de vaccinés, reconnu comme meilleur
bouclier à ce jour face au virus, fait l’objet d’un large consensus, le moyen
divise toujours. Celui-ci présente tous les inconvénients de l’obligation
vaccinale – qui ne peut se substituer à l’appel aux intelligences – sans les
avantages que procurerait une telle mesure assumée clairement par le
gouvernement – le même devoir pour tous, de préférence à la citoyenneté à deux
vitesses instaurée avec le passe sanitaire.
En attendant, le passe,
sanitaire ou vaccinal, permet surtout à l’État, d’esquiver ses propres
responsabilités en termes d’accès égal pour tous à la vaccination, et de
mobilisation pour convaincre les réfractaires. Et ce n’est pas le semblant de
discussion parlementaire, où l’urgence se confond avec la précipitation, qui
permettra d’aller au bout de ce débat. Espérons au moins que le gouvernement ne
se défausse pas sur un amendement opportun pour faire revenir par la fenêtre ce
que les syndicats ont fait sortir par la porte : l’obligation du passe en entreprise.
On parle de conjurer la paralysie du pays par Omicron, quitte à permettre aux
cas contacts de revenir travailler, ce qui, au passage, est pour le moins
discutable sur le plan sanitaire. Sur ce sujet comme sur d’autres, aller contre
les syndicats serait le plus sûr moyen de foncer dans le mur.
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