lundi 27 décembre 2021

« Panique », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



En politique peut-être plus qu’en tout autre domaine, la peur n’est jamais bonne conseillère. Face à la vague Omicron, le Conseil des ministres extraordinaire convoqué ce lundi aurait intérêt à ne pas céder à la panique s’il ne veut pas qu’elle gagne le pays, et à se garder de toute mesure qui viendrait augmenter une tension déjà palpable. Le risque est là, et la porte étroite entre, d’un côté, la nécessaire adaptation de nos règles sanitaires au nouveau variant et, de l’autre, la sauvegarde d’une cohésion sociale mise à mal par deux ans de pandémie qui ont aggravé toutes les fractures.

La transformation du passe sanitaire en passe vaccinal cristallise les appréhensions. Si l’accroissement du nombre de vaccinés, reconnu comme meilleur bouclier à ce jour face au virus, fait l’objet d’un large consensus, le moyen divise toujours. Celui-ci présente tous les inconvénients de l’obligation vaccinale – qui ne peut se substituer à l’appel aux intelligences – sans les avantages que procurerait une telle mesure assumée clairement par le gouvernement – le même devoir pour tous, de préférence à la citoyenneté à deux vitesses instaurée avec le passe sanitaire.

En attendant, le passe, sanitaire ou vaccinal, permet surtout à l’État, d’esquiver ses propres responsabilités en termes d’accès égal pour tous à la vaccination, et de mobilisation pour convaincre les réfractaires. Et ce n’est pas le semblant de discussion parlementaire, où l’urgence se confond avec la précipitation, qui permettra d’aller au bout de ce débat. Espérons au moins que le gouvernement ne se défausse pas sur un amendement opportun pour faire revenir par la fenêtre ce que les syndicats ont fait sortir par la porte : l’obligation du passe en entreprise. On parle de conjurer la paralysie du pays par Omicron, quitte à permettre aux cas contacts de revenir travailler, ce qui, au passage, est pour le moins discutable sur le plan sanitaire. Sur ce sujet comme sur d’autres, aller contre les syndicats serait le plus sûr moyen de foncer dans le mur.

 

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