L’engagement de millions
de travailleuses et travailleurs en première ligne depuis presque deux ans pour
faire marcher la société ne se paye pas de mots. Voilà pourquoi le récent semblant
de mea-culpa du président de La République adressé aux salariés ne
leur suffira pas. Il leur faut des actes immédiats de reconnaissance. C’est la
seule preuve qui attesterait de la sincérité des propos du télé-
candidat-président.
Alors que les prix, notamment ceux de l’énergie, flambent, l’augmentation
du salaire minimum accordée par le pouvoir pour janvier sera cosmétique.
Celles et ceux que l’on a élevés au rang de « héros », depuis des mois et des
mois, ne voient toujours rien venir qui améliorerait leur quotidien, alors
qu’ils assistent, sur les écrans, à un incessant défilé de ministres vantant «
la reprise » et « la bonne santé de l’économie ».
Tous ces ouvriers, employés, agents d’entretien, chauffeurs, caissières,
aides à domicile, ouvriers agricoles ainsi que les petits paysans, les artisans
bouchers, boulangers, et aussi les travailleurs de la manutention, de la
logistique, des industries agro-alimentaires, du bâtiment et des travaux
publics, les soignantes et soignants, dont les horaires sont les plus
flexibles, sont aussi celles et ceux qui sont les plus mal rémunérés alors
qu’on le sait, on le clame, ils sont indispensables à la bonne marche du pays.
Pour les reconnaître comme des « héros », le gouvernement doit d’une part
augmenter le smic et les bas salaires pour aller vers 300 euros de mieux, et de
l’autre mettre tout son poids dans la balance pour obtenir des employeurs des
augmentations de salaires.
Les nombreux salariés qui sont entrés en action depuis quelques semaines
pour leurs salaires ont raison et Ils commencent à faire bouger la donne.
À la question de l’augmentation des rémunérations, se posent dans toutes
les sociétés capitalistes, avec plus de force depuis la pandémie, les enjeux de
la finalité du travail, du lien entre conditions de travail et santé. Et plus
largement, celles du sens du travail, de son utilité pour la collectivité, de
son rôle pour réussir la transition environnementale et son inscription dans un
projet d’avenir durable pour toutes et tous.
En effet, la crise de sens du travail et l’aggravation de ses conditions
d’exercice conduisent aujourd’hui des salariés de diverses disciplines, des
soignants, des enseignants, des aides à domicile, des employés dans la
restauration ou le nettoyage à démissionner.
Ce sont toujours des actes individuels réfléchis. Mais, devons-nous nous
interroger. Ne serait-il pas plus efficace d’organiser un mouvement
collectif pour changer les conditions de travail, pour intervenir sur le sens
de la production et des services dans le cadre de débats dans l’entreprise ou
la filière.
Les soignants n’en peuvent plus d’exercer leur si noble fonction dans un
hôpital au bord de l’effondrement.
Les soignants n’en peuvent plus d’exercer leur si noble fonction dans un
hôpital au bord de l’effondrement. Les professions de justice, jusqu’aux
magistrats, refusent que la justice tombe en lambeaux et que les justiciables
soient si mal traités.
Les paysans asphyxiés s’interrogent de plus en plus sur le sens d’un métier
visant à nourrir les hommes et à valoriser la nature et les paysages, qui ne
leur permet pas de vivre décemment. Les enseignants passionnés par la
transmission des savoirs ne supportent plus d’être si mal traités.
Au nom d’une éthique humaniste et écologique, des jeunes refusent de
travailler au sein de multinationales qui ne respectent ni le travail ni
l’environnement pour s’engager dans la concurrence effrénée qui sur toute la
planète réduit toujours plus les droits sociaux et démocratiques. Le malaise se
perçoit jusqu’aux directions des ressources humaines de grandes entreprises.
Ce qui pointe est la volonté des salariés, des cadres, des chercheurs, des
créateurs d’être maîtres de leur travail aujourd’hui sous la domination du
capital.
Ils revendiquent de pouvoir dire leur mot dans son organisation, la
définition de ses finalités et sont convaincus qu’il en serait infiniment plus
efficace, plus respectueux des hommes et de la nature.
Ils ne demandent pas de
nouveaux comités Théodule ou, pour noyer le poisson, l’organisation de pseudo-participations.
Ce qu’ils veulent, ce sont de vrais pouvoirs d’intervention sur le contenu, les
conditions d’exercice et l’organisation des activités.
Bref, la démocratie doit entrer par la grande porte à l’entreprise. Cela
commence par des nouveaux droits très concrets: l’augmentation des
rémunérations; la diminution du temps de travail, que permet en réalité
l'augmentation de la productivité; un véritable droit à la formation tout au
long de la vie. Cela demande d'engager des processus transformateurs pour une
sécurité sociale professionnelle, des pouvoirs nouveaux des salariés sur les
stratégies des entreprises et des services Cet ensemble de nouveaux droits et
pouvoirs à conquérir constitue un tout qui permettrait un véritable bond en
avant progressiste.
Un tel renouveau démocratique et social irait au bout de sa portée
révolutionnaire, si s’engage un processus de libération des salariés et des
travailleurs de la domination qu’exerce sur leur travail et leur vie, la grande
propriété privée. Il s’agit de redonner au mouvement de la société, l’ambition
de l’émancipation humaine.
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