Il a passé deux heures à tenter de nous convaincre, la semaine
dernière. « J’ai appris », a juré à la télévision Emmanuel
Macron, dont l’inclination pour ses compatriotes le pousserait dorénavant
à « plus d’indulgence ». Fini, les chômeurs qui pourraient
décrocher un emploi s’ils traversaient la rue ? On ne trouve pourtant nulle
trace de cette humanité dans les radiations auxquelles s’apprête à se livrer
Pôle emploi, sur instruction de l’exécutif. Et pour cause : la question ne
tient pas à la personne du président de la République, ni à sa capacité
d’empathie plus ou moins grande, terrain sur lequel Emmanuel Macron essaie de
nous emmener pour mieux nous fourvoyer, mais au fond de sa politique.
Tant que la priorité restera à l’emploi dans les mots, mais à la
« compétitivité » et à l’« attractivité » de l’économie française pour les
capitaux dans les faits – c’est-à-dire à la réduction sans fin du « coût »
du travail –, la contradiction sera résolue, si l’on peut dire, sur le dos
des travailleurs, salariés ou chômeurs. La reprise tant vantée – qui
s’apparente en réalité à un simple rattrapage, après une année 2020 de crise
exceptionnelle – ne vient pas infirmer ce diagnostic, au contraire. Si,
d’un côté, le nombre de demandeurs d’emploi retrouve son niveau d’avant-crise
(5,8 millions au 3e trimestre, dont 3,5 millions sans aucun
emploi), et que, de l’autre, des postes ne trouvent pas preneur, alors le
problème n’est pas le chômage mais les chômeurs eux-mêmes : voilà ce dont on
veut nous convaincre à travers cette véritable chasse aux plus précaires.
Plus l’exécutif sera
dédouané de sa responsabilité dans le maintien d’un haut niveau de chômage,
plus les chances d’obtenir un second mandat présidentiel dans la continuité du
premier seront importantes. C’est du moins le calcul qui préside au grand
ménage dans les listes de Pôle emploi, en plus de celui de faire des économies
sur l’indemnisation des chômeurs. Les privés d’emploi n’ont pas besoin de
l’indulgence d’Emmanuel Macron, mais d’un autre président au service d’une
autre politique. Le bulletin de vote au nom de Fabien Roussel portera cette
exigence.
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