En présentant, le 9 décembre, les grandes lignes de la présidence
française du Conseil de l’Union européenne, Emmanuel Macron s’est longtemps
appesanti sur la dimension sociale qu’il comptait donner à son mandat. « Protéger
les plus faibles », combattre le « dumping » et le « marché
sans règle »… L’heure était déjà aux bonnes résolutions. Et cela tombait
bien. Le même jour, la Commission dévoilait un projet de directive visant à
renforcer les droits des quelque 24 millions de travailleurs des
plateformes numériques de type Uber, Deliveroo ou Bolt. Et notamment sur un
point : l’établissement de critères précis permettant de requalifier ces
soutiers des temps modernes, aujourd’hui sans statut ni protection sociale, en
salariés de plein droit. Pour un président parfumé au progrès social,
l’occasion était belle de briller en inscrivant le sujet à l’agenda dès ce
1er janvier. Malheureusement, cela ne sera pas le cas.
Loin des belles promesses, les représentants français traînent des pieds.
Comme le révèlent nos confrères de Contexte, plutôt que d’activer la machine
législative, les macronistes vont organiser une demi-douzaine de réunions sur
le thème et produire un énième rapport en juin, date où la présidence française
prendra fin ! Une esquive révélatrice.
En dépit des multiples
décisions de justice en faveur des travailleurs ubérisés, Emmanuel Macron, en
bon apôtre de la start-up nation, a toujours protégé le modèle ultralibéral des
plateformes. Les requalifications, il est contre. D’autant plus que le
Parlement français examine actuellement un projet de loi où la majorité compte
bien créer un sous-statut, à mi-chemin entre salariat et indépendant. Une
escroquerie sociale qui heurte juridiquement la directive de la Commission
européenne… D’où l’urgence de faire traîner cette dernière. Ces tripatouillages
seraient risibles s’ils ne se faisaient sur le dos de millions de travailleurs
précaires, augurant bien mal de la « priorité sociale » qu’Emmanuel Macron
prétend vouloir donner à son mandat européen.
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