mercredi 15 décembre 2021

« Ça se discute », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Question élégance, déjà, ça se discute. On a un peu l’impression que c’est un convive qui s’installe grossièrement à la table pour se servir d’autorité la meilleure part, si ce n’est le plat tout entier, fromage et dessert… Emmanuel Macron sera donc ce soir sur TF1, pour un entretien enregistré dimanche avec Darius Rochebin et Audrey Crespo-Mara. Il y en aurait pour deux heures, auxquelles il faudra rajouter des heures de commentaires toutes chaînes confondues en feignant de se poser la question à laquelle il aura répondu sans répondre. Était-ce le président qui parlait ou le candidat ? C’est évidemment ridicule, ce n’est même plus un secret de Polichinelle.

« Où va la France ? », c’est le thème de l’émission, sans contradiction. Son bilan, positif bien sûr, et son programme, ambitieux et à long terme, ça va de soi. Soyons clairs, il n’est pas question de demander au président de se taire. La France, dans les conditions actuelles, n’est pas à l’arrêt et ne le sera pas pendant les quatre mois qui viennent. La crise sanitaire, la situation internationale, les questions économiques et sociales appellent des réponses, quoi qu’on en pense. Il y a tout juste une semaine, il évoquait pendant plus de deux heures sa future présidence de l’Union européenne. Admettons, quand bien même il lui aurait été possible de la différer pour ne pas interférer avec la campagne électorale. L’Allemagne l’avait fait en 2006.

Mais là, c’est autre chose, et la ligne jaune est franchie. Il s’agit clairement d’un déni de démocratie et du principe d’égalité qui devrait s’imposer à tous les candidats. La non-­déclaration de candidature d’Emmanuel Macron est une supercherie. Les candidats sont en droit de s’en plaindre, que ce soit le candidat du PCF, Fabien ­Roussel, malgré sa présence hier au 20 heures de France 2, ou à l’opposé Valérie Pécresse, dont l’intervention sur une autre chaîne à la même heure est reportée. Au-delà même des candidats, c’est un pied de nez adressé au débat public, pour ne pas dire un doigt d’honneur.

 

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