Il fallait beaucoup de bonne volonté au Parisien, l’un des deux quotidiens
avec les Échos du groupe de Bernard Arnault, pour saluer l’ouverture à Glasgow
de la COP26 en écrivant que tous les regards y étaient braqués sur Emmanuel
Macron, animé d’une ardeur sans pareille. L’avis de Vanessa Nakate, l’une des
jeunes militantes du climat en Afrique, est un peu plus nuancé, qui dénonce
l’hypocrisie de la France avec l’ouverture sur le continent de quatre cents
nouveaux puits de pétrole par Total-Energies. Mais quoi de commun entre l’hyper-milliardaire
de l’industrie du luxe et ce même continent où des femmes et des enfants
peuvent faire dix kilomètres pour ramener l’eau tirée d’un puits boueux. La
même planète, si on veut, le même monde, sûrement pas. L’Afrique, souligne
encore la jeune femme, produit 3 % des gaz à effet de serre dans le monde,
mais en subit en retour les effets parmi les plus dévastateurs. Les vingt pays
les plus riches de la planète, fracturés aussi par les inégalités, produisent à
eux seuls 80 % des émissions mondiales, mais à brève échéance un milliard
d’habitants des pays les plus pauvres seront frappés par les sécheresses, les
inondations, les famines. Ce sont ces mêmes pays qui attendent toujours les
cent milliards d’aide qui leur avaient été promis en 2015, devenus un mythe.
En Argentine, où deux
cents militants et militantes du climat, sont assassinés chaque année, une
autre jeune femme, Nicky Becker, le dit avec force. « On ne peut pas
résoudre la crise sans parler de justice sociale et de déséquilibre Nord-Sud. » À
Glasgow, où les absents auront tort, 196 pays vont tenter, disent-ils,
d’avancer vers l’objectif claironné de 1,5 degré de réchauffement maximal, sans
quoi « nous » allons à la catastrophe. Mais l’une des conditions de tout pas en
avant, c’est que ce « nous » soit réel. C’est ce que vont rappeler pendant deux
semaines les manifestants sur place et dans le monde. Souvent des jeunes par
dizaines de milliers. Ces jeunes pour qui Greta Thunberg lançait à ceux qu’on
nomme grands, « vous dites aimer vos enfants mais vous leur volez leur
avenir ».
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