Ce 17 novembre, une proposition de loi visant «à améliorer» leur protection doit être discutée au Parlement.
Ils ont parfois sacrifié leurs vies
professionnelle et personnelle. Les lanceurs d’alerte sont souvent traqués,
menacés ou sanctionnés, quand il ne s’agit pas de vouloir les abattre
socialement ou de les réduire au silence par tous les moyens, comme un certain
Julian Assange, qui croupit dans une geôle britannique. La plupart du temps,
ils sont pourtant des consciences du monde. Face à eux, les puissants
tremblent, les États s’inquiètent, les grandes entreprises peuvent vaciller.
Dans le contexte de leur relation de travail, ils érigent les principes au-dessus
d’eux-mêmes et révèlent des faits illicites ou dangereux constituant une menace
pour l’homme, l’économie, la société, l’environnement… Le bien commun et
l’intérêt général les habitent. Les protéger, quoi qu’il en coûte, relève de
chacun. En France, c’est le rôle de la République.
Ce 17 novembre, une proposition de
loi visant «à améliorer» leur protection, et à transcrire dans le droit
français une directive européenne, doit être discutée au Parlement pour gommer
les imperfections de la loi Sapin 2, de 2016. Cinq longues années
d’attente durant lesquelles, dans notre pays, ces femmes et ces hommes de
conviction ont éprouvé le douloureux sentiment d’être abandonnés, alors qu’ils
représentent, aux yeux de l’écrasante majorité de la représentation nationale, un
garde-fou démocratique et citoyen dans nos États de droit. Cette loi sera
adoptée. Elle constituera un pas en avant, malgré quelques imperfections
notables : manque de soutiens financiers à ces courageux, baisse des moyens
pour les organes de contrôle administratif, absence des syndicats et des ONG
dans le dispositif, etc.
La mission des lanceurs d’alerte consiste
à révéler les secrets illégitimes des pouvoirs politiques et financiers. Ils
sont d’utilité publique: ils font peur! Et pour cause. Il y a des moments de
l’humanité où le destin de certains individus incarne le destin de l’humanité,
ce que Jacques Derrida appelait «le tout du monde». Ce moment où la
figure d’un humain, le sort qui va lui être réservé, détermine l’état de nos
démocraties.
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