Les moments de surenchère, à ce point délirants, démagnétisent l’intérêt
général et abîment la politique. La pente est à l’excès, aux débats détournés
qui passent en boucle sur nos petits écrans bonapartistes – loin des
principales préoccupations des Français. Alors que nos concitoyens se disent
inquiets par leur pouvoir d’achat, les bas salaires et l’avenir de leurs
dépenses énergétiques, les représentants de la droite et de son extrême, poussés
par les nationalistes, ne nous parlent que d’immigration comme cause de tous
nos malheurs, de « grand remplacement », mettant à l’agenda de toutes leurs
propositions l’ordo-libéralisme le plus agressif qu’on puisse imaginer, quitte
à enfoncer toutes les barrières de la vérité. Une course folle, sur un océan de
sondages démonté. Indigne d’un début de campagne.
Les idéologues décrispés n’hésitent plus à se livrer tels qu’ils sont. Ici,
on réhabilite Pétain au nom d’une « civilisation » soi-disant en perdition,
avec les bons prénoms qui vont avec, et le racisme ordinaire qui l’accompagne.
Là, on propose de rouvrir un bagne dit « démocratique » aux îles Kerguelen.
Ailleurs, on propose ni plus ni moins de supprimer 150 000 postes dans
l’administration, de privatiser à outrance des pans entiers de ce qu’il reste
de nos biens-communs et de repousser l’âge du départ à la retraite à 65,
67 ans. N’en jetez plus !
Ce climat ne durera pas.
Car les Français souffrent pour de tout autres raisons. Et ils l’expriment
massivement. Plus des trois quarts d’entre eux, selon une étude Opinionway
pour les Échos, redoutent une flambée des prix des produits
alimentaires, du logement et de l’énergie. Et seul un quart des sondés
déclarent avoir « confiance » dans l’action du gouvernement
pour en limiter les effets. Impitoyable réalité. Tandis qu’on voudrait
accaparer notre attention par un histrion néopétainiste, le monde capitaliste,
lui, poursuit son chemin. N’oublions pas que le patrimoine des 500 plus grosses
fortunes de notre pays est passé de 11 % du PIB en 2010 à 43 % en
2021…
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