Aux États-Unis, c’est le phénomène social du moment : le « big quit ».
Traduisez : la « grande démission. » Ces six derniers mois, près de
20 millions de départs volontaires ont été enregistrés par le Bureau des
statistiques du travail. Un pic historique a même été atteint en août :
4,3 millions. Sans surprise, avec un taux de démission jamais vu de
6,8 %, les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du commerce
sont les plus touchés. Mais pas que… Les cols blancs s’y mettent également,
avec un record de 700 000 démissions en mai dernier. Et ils ne partent pas en
silence : les démissions se font souvent en direct sur TikTok. Pour
l’économiste Robert Reich, ancien ministre du Travail sous Bill Clinton et
désormais très proche de Bernie Sanders, l’explication est aussi simple que
limpide : « Les États-Unis sont frappés par une grève générale
officieuse, jusqu’à ce qu’ils obtiennent une hausse des salaires et de
meilleures conditions de travail. »
Éclatante
outre-Atlantique, cette nouvelle forme de révolte sociale (« Vous
ne nous ferez pas travailler à n’importe quel prix, ni à n’importe quelles
conditions ») trouve également son chemin en Europe. Selon l’OCDE, le
nombre d’habitants de ses pays membres ne travaillant pas et ne cherchant pas
de travail a bondi lui aussi de 14 millions depuis le début de la
pandémie. L’Allemagne (6 %) et le Royaume-Uni (4,6 %) mènent la
danse. La France apparaît légèrement moins impactée (2,3 %), mais la
récente et fort médiatisée « pénurie » de main-d’œuvre dans les secteurs de
l’hôtellerie-restauration souligne le même malaise. Avec sa réforme de
l’assurance-chômage, le gouvernement français veut y répondre par la
contrainte, comme si le rabougrissement des droits pouvait conduire des
salariés – considérés, donc, comme des fainéants – à accepter l’inacceptable.
Si tel était le cas, le « big quit » n’aurait jamais eu lieu dans le système
social le moins protecteur de tous les grands pays industrialisés. CQFD
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