Alors que le
gouvernement a annoncé l’instauration de facilités de circulation pour la
police, les avantages tarifaires des cheminots et de leur famille sont sur la
sellette.
L’ouverture à la concurrence va-t-elle remettre en cause les « facilités de
circulation » des cheminots ? À entendre le ministre des Transports,
Jean-Baptiste Djebbari, vendredi sur RMC, le sujet est clairement sur la
table. « On va engager la concertation la semaine prochaine avec les
syndicats. L’idée est de pouvoir régler ce sujet-là avant qu’on ait un système
de mise en concurrence », a-t-il déclaré. Après la réforme du
statut de cheminot en 2018 et l’alignement sur le régime général des retraites,
SUD rail y voit « un acharnement de la part du gouvernement à
l’encontre des cheminots ».
Les billets gratuits ou à tarif réduit, depuis 1938, bénéficient à
1,3 million de cheminots et leur famille (conjoints, enfants, parents).
Beaucoup ne retiendront que le coût de 105 millions d’euros annuels,
oubliant que l’enveloppe ne représente que 0,3 % du chiffre d’affaires de la
SNCF. Or, pour un agent actif et ses ayants droit, les réductions et/ou la
gratuité des billets représentent seulement 404 euros par an, estime le
rapport réalisé par l’Inspection générale des finances et l’Inspection générale
des affaires sociales. « Au regard de la valeur monétaire des avantages
en nature accordés par d’autres entreprises à leurs salariés, ce montant ne
paraît pas exorbitant », notent d’ailleurs les auteurs du rapport. Et
de citer la remise de 10 % sur achats octroyée aux salariés du groupe Carrefour
pouvant atteindre jusqu’à 1 200 euros par an. De quoi casser le mythe du
cheminot « privilégié ».
Sur les quatre scénarios étudiés par la mission gouvernementale pour
« éclairer » les négociations, un seul propose de transférer ces facilités de
circulation aux nouveaux salariés. Ce que souhaite la fédération CGT des
cheminots, qui affirme « qu’elle mettra tout en œuvre pour que cette
revendication soit satisfaite ». Les trois autres pistes proposent de
supprimer tous les avantages pour les parents et de diminuer les réductions
tarifaires de 90 % à 30 % pour les enfants et conjoints. Soit de supprimer la
gratuité ou la réduction des prix des billets pour les proches des agents de la
SNCF sur les lignes gérées par les nouveaux opérateurs. La dernière envisage
tout simplement d’ôter les facilités de circulation pour les agents transférés,
au profit d’une indemnité compensatoire.
Armés pour ne pas payer
La sortie du ministre des Transports irrite d’autant plus les cheminots
qu’elle coïncide avec l’annonce d’un accord conclu avec la SNCF afin que « le
trajet domicile-travail soit gratuit pour les policiers, s’ils sont armés et
s’ils se signalent au chef de bord », dont les détails seront
présentés ce lundi. En cas de trajet non professionnel, le policier n’aura plus
à s’acquitter que de 25 % du prix du billet, qui sera « compensé par
des bons d’achat SNCF, utilisables pour sa famille par exemple ».
« Dans la quasi-totalité des régions, la direction SNCF fait circuler les
trains régionaux sans contrôleur et sans aucune présence à bord, dénonce Erik Meyer,
délégué syndical SUD rail. Ce n’est pas avec des policiers hors service
et armés qu’on lutte contre le sentiment d’insécurité, mais avec la présence systématique
de personnels SNCF formés et identifiés. » De son côté, si la CGT
cheminots « ne peut que souscrire à l’attribution d’un nouveau droit
pour une catégorie de salariés », elle réaffirme qu’« un
droit utile et pertinent pour une catégorie de salariés ne peut être jugé
abusif lorsqu’il s’agit des cheminots.
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