La bagarre est ancienne… comme la lutte des classes. Chaque révolution
technologique, chaque évolution sociale, chaque changement sociétal est soumis
à des forces contradictoires qui tentent de les tordre ; les unes dans le
sens du progrès, les autres dans le sens de l’adaptation au système
capitaliste. Ces dernières ne manquent jamais d’imagination et de ressources :
flexibilité pour casser l’aspiration à la baisse du temps de travail,
ubérisation pour instrumentaliser l’envie de souplesse, auto-entrepreneuriat
pour détourner le désir d’autonomie… Et quand les aspirations à la justice
sociale se font incontournables, le capitalisme tente toujours de les dévoyer
jusqu’à promouvoir le pire : la peur et la haine de l’autre.
Le télétravail n’échappe pas à cet affrontement idéologique. Les salariés y
aspirent tant le boulot à domicile semble pouvoir se libérer de l’obéissance,
du travail enchaîné et permettre de gagner du temps de vie hors travail. Or ce
n’est pas ce qui a été vécu. Pour nombre de salariés, le bureau à la maison a
viré au cauchemar. Certes les entreprises n’étaient pas préparées mais,
aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Et le patronat tente de tout faire pour
éviter que télétravail rime avec « travail libéré » ou « travail autogéré ».
Leur idée est d’utiliser
l’isolement physique du télétravailleur pour le tenir en laisse digitale, le
transformer en « tâcheron » au sens de faire des tâches « à la demande ». Face
à cette conception patronale et libérale du télétravail, les salariés et leurs
organisations syndicales, à commencer par la CGT qui a mené l’enquête sur la
question, veulent faire prévaloir une autre vision qui permette aux
travailleurs qui le souhaitent de télétravailler dans de bonnes conditions
sanitaires, sociales et psychologiques. Et pourquoi pas, en faire une porte
d’entrée pour repenser l’ensemble du travail.
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