La 76e session de
l’Assemblée générale de l’ONU démarre ce mardi. Son secrétaire général, Antonio
Guterres, hausse le ton contre l’affaiblissement des institutions
internationales.
C’est une œuvre de 11 000 mètres carrés intitulée World in
Progress II (le Monde en marche II). Elle représente deux enfants qui
construisent leur monde idéal. Une gigantesque fresque éphémère réalisée par
l’artiste franco-suisse Saype, et inaugurée samedi au siège de l’Organisation
des Nations unies (ONU), à New York. Une entrée en matière assez
symbolique, alors que démarre ce mardi dans cette même ville le débat général
dit de haut niveau de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations
unies ! « Les enfants représentés dans World in Progress
II dessinent notre avenir commun, souligne Antonio Guterres,
secrétaire général de l’ONU. Le débat général de cette année reprendra
ce thème, en se concentrant sur le monde que nous construisons ensemble. »
Il entend être à l’initiative sur un certain nombre de questions centrales,
exposées dans « Notre programme commun », fruit de multiples consultations
lancées à l’occasion des 75 ans de l’organisation. « De la crise
climatique à notre guerre suicidaire contre la nature et à l’effondrement de la
biodiversité, notre réponse mondiale est trop faible, trop
tardive, estime Antonio Guterres. Les inégalités incontrôlées
sapent la cohésion sociale, créant des fragilités qui nous affectent tous. La
technologie avance sans garde-fous pour nous protéger de ses conséquences
imprévues. »
Piano mécanique désaccordé
Les chefs d’État et de gouvernement s’apprêtent à entamer leur ronde
annuelle. Certains ont un carnet de bal bien rempli. D’autres attendent qu’on
veuille bien les inviter. Le secrétaire général de l’ONU, lui, tente de faire
entendre sa voix au-dessus de la partition inachevée d’un piano mécanique de
plus en plus désaccordé. « Les institutions que nous avons n’ont pas de
dents. Et parfois, même quand elles ont des dents, comme dans le cas du Conseil
de sécurité, elles n’ont pas beaucoup d’appétit pour mordre », a-t-il
ainsi expliqué à ONU Info.
Les sujets ne manquent pas où les capacités de l’Organisation ont été mises
à mal par les États. À commencer par les membres permanents du Conseil de
sécurité (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), qui ont une
conception outrancière de leur statut, au détriment justement du Conseil de
sécurité (15 membres) et de l’Assemblée générale, regroupant pratiquement
tous les pays de la planète. Il convient donc, à partir d’aujourd’hui, et
jusqu’au 27 septembre, dans le cadre du débat général, d’observer avec
curiosité la manière dont les responsables du monde vont décliner le thème de
cette session : « Miser sur l’espoir pour renforcer la résilience afin
de se relever du Covid, reconstruire durablement, répondre aux besoins de la
planète, respecter les droits des personnes et revitaliser l’Organisation des
Nations unies ».
On pourrait d’ailleurs commencer par le thème de la paix, puisque ce
21 septembre en est la Journée internationale décrétée par l’ONU à l’heure
où les membres permanents du Conseil de sécurité sont sur le podium élargi des
vendeurs d’armes. D’autant qu’on voit mal comment l’accroissement de l’armement
pourrait aider à répondre aux « besoins de la planète », au
défi de la pauvreté, au droit à la santé pour tous… On peut regretter que le
froid actuel entre les États-Unis et la France ne porte justement sur ces
questions mais sur un contrat de fabrication d’armes pour l’Australie et dont
le but ultime est l’endiguement de la Chine. Emmanuel Macron ne fera pas le
déplacement. Vingt ans après les attentats de New York, entendra-t-on du haut de
la tribune de l’ONU la critique des aventures guerrières qui ont plongé
toujours plus le monde dans l’instabilité, le confessionnalisme et le
renforcement des groupes se réclamant de l’islam politique là-bas, de l’extrême
droite et du fascisme ici ?
Évidemment, dans les
salons feutrés de la maison de verre, des rencontres hautement politiques se
dérouleront. Les grands discours resteront largement inaudibles par les
millions de pauvres en Europe et aux États-Unis, les migrants économiques et
climatiques, les réfugiés fuyant les guerres, ceux subissant le racisme sous
toutes ses formes ou les femmes pour lesquelles la véritable égalité reste
encore à conquérir.
L’iran à new york
Le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir
Abdollahian, est à New York pour son premier voyage officiel aux États-Unis. Il
y rencontrera, séparément, ses homologues allemand, chinois, français,
britannique et russe, parties à l’accord sur le nucléaire iranien de 2015. Une
rencontre avec les responsables américains n’est, elle, « pas à l’ordre
du jour ». Des discussions, au point mort depuis juin, ont commencé en
avril à Vienne, en Autriche, entre l’Iran et les cinq puissances encore parties
à l’accord pour ressusciter ce pacte en y réintégrant Washington, qui s’en
était retiré unilatéralement en 2018.
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