lundi 20 septembre 2021

« Permettre aux salariés de s’en mêler », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.

 


Le 21 septembre 2001, l’usine AZF à Toulouse explose. 31 morts, des milliers de blessés et plusieurs milliards d’euros de dégâts matériels. Dix-huit ans plus tard, c’est l’usine Lubrizol à Rouen qui est réduite en cendres. Le risque industriel est toujours bien réel dans notre pays. Des experts ont, par exemple, révélé des failles dans la gestion du nitrate d’ammonium dans des ports fluviaux français. Cette base d’engrais azoté est à l’origine de l’explosion du port de Beyrouth. Personne n’est dupe, les exigences de rentabilité, les pressions des actionnaires ou des industriels se traduisent parfois par des décisions qui ne tiennent pas compte des personnes et des salariés. Délocalisation d’usine dans un pays où les règles sont moins sévères, recours massif à la sous-traitance d’activités exigeant un très haut niveau de compétences, réduction de services de contrôle, autant de pratiques qui peuvent avoir des conséquences dramatiques pour les travailleurs et les salariés.

Les travailleurs doivent avoir la possibilité de pointer ces choix qui peuvent être à l’origine des accidents. Et pour cela, ils doivent pouvoir se mêler plus directement de la gestion de l’entreprise. Après AZF, la loi Bachelot avait renforcé le poids des salariés avec le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Mais les ordonnances « travail » de 2017 du gouvernement d’Édouard Philippe ont fait disparaître cette instance, renforçant du même coup la toute-puissance des directions. « D’autres AZF sont-ils possibles ? » La question au cœur de cet anniversaire donne encore plus de force et de légitimité à cette revendication de disposer de droits nouveaux pour les salariés dans leur entreprise.

Pourquoi ne pas aller plus loin ? Et, plutôt que de renforcer le secret industriel et des affaires, privilégier la transparence et donner aux salariés non seulement le pouvoir d’alerter les pouvoirs publics mais aussi celui de bloquer des décisions des directions. Et éviter, peut-être, de futures catastrophes en France et ailleurs dans le monde.

 

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