La scène ne se passe pas en Afghanistan, mais aux États-Unis. La plus haute
juridiction vient d’y « valider » une loi d’interdiction de l’interruption
volontaire de grossesse (IVG) parmi les plus radicales au monde. C’est au Texas
que ce texte qui réprime l’avortement dans la quasi-totalité des situations a
été adopté. Alors que les opposants à cette régression sans précédent plaçaient
leurs espoirs dans la faculté de discernement des juges fédéraux, il ne s’est
pas trouvé de majorité parmi ces derniers pour estimer que la législation
texane allait contre la Constitution des États-Unis et contre le droit à l’IVG,
pourtant reconnu par la Cour suprême elle-même.
Des cinq juges sur neuf – quatre hommes et une femme – qui ont décidé
de ne pas bloquer la loi, trois ont été nommés par Donald Trump. À Austin, le
gouverneur a réussi là où ses homologues d’autres États s’étaient jusqu’alors
heurtés à l’opposition de la Cour suprême. Ce « succès » pourrait inspirer à
l’avenir nombre d’initiatives semblables, mettant en péril tout l’édifice
américain des droits des femmes. Rendons-nous compte : même en cas d’inceste ou
de viol, l’avortement est désormais proscrit au Texas à partir de six semaines
de grossesse. Un délai de tolérance purement formel, la plupart des femmes
ignorant leur état à ce stade.
Cet épisode nous
rappelle que, même après avoir chassé Trump, les Américains n’en ont pas fini
avec l’idéologie de ses affidés, placés aux postes clés des institutions du
pays pour poursuivre la contre-révolution conservatrice. Et il nous enseigne
qu’il n’est pas de lieu sur la planète où les droits soient à l’abri de la
réaction ultraconservatrice. Ceux des femmes sont particulièrement fragilisés.
Ils le sont doublement quand, dans notre pays, certains se saisissent de
l’émotion née de la régression imposée par les talibans aux femmes afghanes
pour intenter au mouvement féministe de faux procès, inspirés du vieux courant
patriarcal et antiféministe. L’égalité mérite mieux. Femmes et hommes,
ensemble, engagés pour les luttes conduites par les femmes.
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