Une fois n’est pas coutume, il fallait regarder le 20 heures de
France 2, mardi 3 août, pour y voir la violence de classe qu’exercent
ce gouvernement et le patronat sur les travailleurs. Visiblement désemparée,
Frédérique, 49 ans, habitante de Revin, dans les Ardennes, montrait à la
caméra son curriculum vitae et une lettre de candidature à l’écriture soignée.
Comme des centaines d’autres privés d’emploi de cette petite ville de
6 000 habitants qui compte 26 % de chômeurs, elle espérait décrocher
un des 270 emplois que devait créer la relocalisation de la fabrication
des célèbres cycles Mercier. Mais, voilà, l’État, qui promettait d’investir
5,2 millions d’euros, fait finalement marche arrière et le projet menace
d’être abandonné. Pour Frédérique, l’espoir a fait place au « dépit ». Les élus
locaux, du PCF à LR, dénoncent « une trahison ».
Pour se justifier, le gouvernement met en cause la fiabilité du repreneur,
l’accusant de blanchiment et de fraude. Le 15 mars dernier, la ministre en
charge de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités
territoriales, Jacqueline Gourault, s’était pourtant précipitée sur les lieux
de la future usine afin de s’afficher aux côtés de l’homme d’affaires pour
annoncer la bonne nouvelle. Alors que le pays a découvert sa dépendance aux
importations, à la faveur de la crise sanitaire, et que la pratique du vélo
gagne du terrain sur fond de transition écologique, il s’agissait de donner l’image
d’un gouvernement mobilisé en faveur des relocalisations.
Las, la « politique
industrielle » de l’exécutif apparaît pour ce qu’elle est : au service
d’actionnaires et de leurs profits. D’un côté, on déverse sur les grands
groupes à fonds perdu des milliards d’euros d’argent public dont une partie
sert à payer leurs colossaux dividendes. De l’autre, on laisse les mêmes
actionnaires maîtres du devenir de l’outil industriel et, par là même, du sort
de millions de salariés. Décidément, l’avenir du pays est une question trop
importante pour être laissée aux mains du patronat.
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