On allait voir ce que l’on allait voir. Au lendemain des attentats du
11 septembre 2001, le président George W. Bush promettait une guerre
totale contre le terrorisme et le commanditaire de ces attaques, Oussama Ben
Laden, qui fut durant des années une solide cheville ouvrière de la CIA au
Pakistan. Washington lançait alors l’opération « Liberté immuable » en
Afghanistan, emmuré par les talibans depuis 1996. Vingt ans plus tard, après
des dizaines de milliers de morts innocents, le bilan est atterrant. Les forces
militaires états-uniennes et leurs alliés de l’Otan, qui auront définitivement
quitté ce pays au 31 août, laissent derrière eux un champ de ruines
fumantes et les fondamentalistes aux portes du pouvoir.
Les États-Unis ont « atteint leurs objectifs » dans leur lutte contre le
terrorisme, a récemment déclaré le président Joe Biden. Ces propos hypocrites
et cyniques peinent à dissimuler un échec inavouable. Les près de 1 860 milliards
d’euros dépensés dans leur entreprise de ratissage n’ont pas anéanti le
« sanctuaire djihadiste ». Les talibans restent invaincus et se sont même
renforcés. Les accords de Doha conclus en 2020 avec l’administration de Donald
Trump leur ont offert une incroyable légitimité en les propulsant au rang
d’interlocuteurs privilégiés. Les autorités afghanes, elles, ne contrôlent plus
que des miettes de territoire face à l’hydre de l’islamisme le plus rétrograde.
Pour la première
puissance mondiale, la débâcle est complète. Mais, encore une fois, ce sont les
Afghans qui vont payer le prix fort de son bellicisme. Son retrait militaire ne
marque pas la fin des affrontements meurtriers, mais le début d’un nouvel
avenir tout aussi dramatique. Alors que le pays est dévasté, que plus de
60 % de la population survit sous le seuil de pauvreté, le pire se dessine
déjà. La revanche des rigoristes a sonné avec la multiplication d’assassinats
ciblés. Là où ils règnent en maîtres, l’obscurantisme redevient la loi. Les
femmes en sont les premières victimes, condamnées à n’être plus que des ombres
derrière les hommes de leur famille, ensevelies dans cette tombe de tissu
qu’est la burqa. Vingt ans de guerre pour rien. Le goût de sang et de cendres
est insupportable.
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