Les manifestations hebdomadaires qui agrègent des mécontentements plus ou
moins légitimes ne doivent pas faire passer au second plan une évidence : une
immense majorité d’habitants de ce pays ne demande qu’à être vaccinée, moins à
être contrôlée autoritairement dans les actes les plus simples de la vie
courante. Au moment où entre en vigueur ce lundi le « passe sanitaire », le
reportage de l’Humanité parmi les plus précaires – qui n’attendent
eux aussi que de se faire vacciner – démontre, à l’inverse, que personne n’est
dupe du pouvoir. C’est parce qu’il s’est montré incapable de convaincre qu’il
contraint désormais.
L’exigence du passe sanitaire est pourtant une transformation sensible des
rapports au travail, faisant des employeurs des auxiliaires de police,
brandissant le chantage à l’emploi. Comment, dans ces conditions, des syndicats
ne s’inquiéteraient-ils pas des conséquences ? Ce faisant, Emmanuel Macron
jette dans la rue, et dans une grande confusion, des Français que tout séparait
il y a peu. Car c’est bien le chef de l’État qui met en scène sa personne dans
cette quatrième vague épidémique. Loin de la « liberté retrouvée » vantée
en mai, la relance de la pandémie est d’abord le fruit de l’imprévoyance – et,
à ce titre, la rentrée scolaire inquiète déjà tous ses acteurs, élèves,
enseignants, parents.
Le Parlement considéré
comme chambre d’enregistrement pour voter en urgence des textes qui, excusez du
peu, ont trait aux libertés publiques et au droit du travail ; une campagne de
vaccination qui marque le pas : à faire sans le peuple et ses représentants, à
privilégier la réponse autoritaire, Emmanuel Macron ouvre, à moins d’un an
d’une échéance électorale majeure, une période que ses projets antisociaux – la
réforme des retraites en premier lieu – peuvent rendre très inflammable. La rue
ne peut être le débouché ultime de la démocratie. À faire sans le peuple,
Emmanuel Macron est chaque jour un peu plus nu.
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