Il n’aura fallu que quelques heures à la droite et à son extrême, lundi,
pour s’emparer du drame qui a endeuillé la Vendée et en faire l’exutoire de
leurs fantasmes sur la criminalité, l’immigration et le prétendu laxisme envers
l’une et l’autre. Comme souvent, en matière de récupération, l’occasion fait le
larron : la compassion pour le prêtre assassiné a vite laissé place à
l’exploitation politicienne, laquelle ne s’embarrasse ni des faits ni du droit.
Marine Le Pen a tiré la première, son parti publiant dans la foulée une
pétition pour « rétablir la double peine qui permet d’expulser les
délinquants et criminels étrangers à l’issue de leur peine ».
On croit rêver : non seulement il n’y a nul besoin de « rétablir » la
double peine, celle-ci n’ayant jamais été abolie, au grand dam des tenants de
l’égalité de tous devant la loi. Mais, si l’on suit à la lettre le raisonnement
de la cheffe du RN et de ses amis, il faut choisir : on ne peut à la fois
vouloir condamner les délinquants étrangers à la double peine et regretter
qu’ils soient retenus en France pour y être jugés. Sauf à passer par-dessus
bord tous les principes de l’État de droit, présomption d’innocence en tête, et
condamner sans jugement. Dans cet horrible fait divers, aucune trace de
laxisme : le suspect était sous le coup d’une décision d’expulsion que son
contrôle judiciaire rendait inapplicable, dans l’attente de son procès pour
l’incendie de la cathédrale de Nantes, en 2020.
En réalité, rien ne
tient dans le pseudo-lien qu’essaient de tisser la droite et son extrême entre
la nationalité du meurtrier et ses actes. Le criminel ne l’est pas parce que
rwandais. La seule relation qui puisse être présumée à ce stade, c’est celle entre
son état psychique et les faits qu’on lui reproche. Était-il suivi
correctement ? Avait-on apprécié convenablement sa dangerosité ? Ces questions
pourraient en recouper d’autres, posées de longue date mais ignorées par le
gouvernement comme par le RN, sur le manque de moyens, criminel dans tous les
sens du terme, de la justice et de la psychiatrie.
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