50 milliards de dollars, c’est le montant, relativement dérisoire,
qu’il faudrait débourser pour vacciner 60 % de la planète et en finir avec
la pandémie ou du moins la limiter sérieusement. Car il ne faut pas être un
génie pour comprendre que le virus, tant qu’il continuera à circuler, pourra
toujours muter et revenir infecter. La vaccination agit comme un immense
révélateur de l’égoïsme des pays riches et de la rapacité des laboratoires. La
revendication pour faire des vaccins un bien public mondial aurait permis, si
elle avait été suivie, d’organiser dans nombre de pays des lignes de
production. Et aujourd’hui, la plupart d’entre eux seraient en situation de
vacciner leur population.
Cette irresponsabilité au nom de l’appât du gain se double aujourd’hui
d’une irresponsabilité sectaire qui conduit des personnes abreuvées de
mensonges à aller molester des soignants et détruire des stocks de vaccins. Il
n’est pas question là d’être pour ou contre le passe sanitaire. Il est question
d’empêcher par la force que des personnes aient accès aux vaccins, au risque du
pire.
Peu avant sa
disparition, Axel Kahn a publié Et le bien dans tout ça ? Le généticien y écrit
que « sans usage de la raison, toutes les positions sont des croyances
et leur exposition se limite à une série de monologues (…) ». Et
si on remettait un peu de raison critique dans le débat public ? Et cela ne
veut pas dire tenir un « discours raisonnable » qui lisse les désaccords ou qui
reste sagement dans un cadre imposé. C’est refuser que les faits scientifiques
soient ramenés à des croyances parmi d’autres. La raison n’interdit pas le
débat mais permet de faire baisser le niveau de confusion. L’épidémie de
Covid-19 est un formidable révélateur des fractures de différentes natures qui
fragilisent le monde et les sociétés. Une crise de civilisation mondiale qui
implique de faire autrement. Et cela pourrait commencer en décidant de faire
des vaccins un bien public mondial. La raison, c’est de ne pas accepter que le
profit et l’égoïsme soient le mètre étalon de la
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