lundi 23 août 2021

« Hypocrites et meurtriers », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



« Une amnistie pour tous, des droits pour les femmes, dont celui de recevoir une éducation et de travailler, des médias indépendants et libres, et la formation d’un gouvernement inclusif. » À écouter Zabihullah Mujahid, un des porte-parole des talibans, ces derniers ne seraient pas plus infréquentables que les Saoudiens, les Qataris ou nombre d’autres régimes dans le monde. Mais les informations qui arrivent du pays montrent une tout autre réalité. À Jalalabad, les talibans n’ont pas hésité à tirer sur des manifestants qui brandissaient un drapeau afghan. Les journalistes ne peuvent plus faire leur travail. Et les témoignages montrent que les femmes subissent le même traitement qu’il y a vingt ans. Rien de surprenant, en vérité, puisque le même Zabihullah Mujahid disait également : « Sur l’idéologie, et les croyances, il n’y a pas de différence » avec les talibans du XXe siècle. Or, l’idéologie des talibans, leur vision archaïque d’un islam rigoriste, sectaire et fanatique, ne peut s’appliquer sans les exactions qu’ils commettent aujourd’hui.

Ce qui a changé, c’est que désormais ces fondamentalistes religieux savent utiliser Twitter et les réseaux sociaux. Ils comptent sur cet affichage « moderne » pour faciliter le dialogue, notamment avec ceux qui n’auront pas d’autres choix que de discuter. Iran, Pakistan, Chine, et même Russie doivent gérer des zones frontalières et ont tout intérêt à une stabilité de la région. Sans oublier que les premiers à avoir ouvert les discussions sont les Américains qui ont négocié l’accord de février 2020 sur le retrait des troupes américaines et la promesse de ne pas faire du pays une base pour les djihadistes internationaux.

Les Afghans qui se pressent à l’aéroport de Kaboul ne sont pas dupes quant à ces talibans 2.0. Et plutôt que de s’inquiéter uniquement des futurs « flux migratoires » et des risques sécuritaires, les Occidentaux devraient organiser l’accueil de toutes celles et tous ceux qui le souhaitent.

 

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