jeudi 12 août 2021

« Éblouissant », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.



La venue dans le championnat de France de football de celui que l’on considère comme l’un des meilleurs joueurs de tous les temps est indéniablement un événement. Mais celui-ci va bien au-delà de ses performances sportives. De bout en bout, cette histoire ressemble à l’apogée de l’absurdité du foot-business. Voilà un joueur, Messi, et un club, Barcelone, qui, après avoir l’un et l’autre joué le jeu de la marchandisation et de l’inflation constante des prix, se retrouvent pris à leur propre piège et dans l’obligation de se séparer contre leur gré.

Les transferts et les salaires ont atteint des sommes folles déconnectées de la réalité, une bulle dangereuse en partie financée sur le dos des fans de foot eux-mêmes. La mésaventure de Mediapro, qui avait promis une manne financière pour les droits télé qui n’est jamais venue, aurait dû alerter tout le monde. Visiblement, il n’en est rien. Car ce n’est pas un hasard si Lionel Messi arrive en quatre jours au PSG et pas ailleurs. Ce n’est pas pour la beauté de la tour Eiffel ou même pour le plaisir des une-deux avec Neymar que l’Argentin a choisi Paris. C’est tout simplement le seul club en Europe à pouvoir se payer la star. Et pour cause : il est possédé par un État aux ressources illimitées quand il s’agit de redorer son image.

C’est tout autant le Qatar que le PSG qui a acheté Messi, avec dans l’idée d’en faire le parfait ambassadeur d’une Coupe du monde 2022 déjà entachée par son coût humain et écologique exorbitant. Le « soft power » dope la logique de l’argent fou dans le sport. Le mal entraîne le mal et personne n’y trouve rien à redire. Le fair-play financier est devenu une coquille vide, à tel point qu’il permet à un club en déficit de 180 millions d’euros d’ajouter à son effectif un joueur payé 40 millions ! Le gouffre entre clubs « normaux » et mastodontes va encore se creuser, et le sport et sa glorieuse incertitude disparaître un peu plus.

Les retombées économiques espérées par les uns et les autres permettent de fermer les yeux sur la face sombre de l’arrivée d’un joueur éblouissant à plus d’un titre.

 

3 commentaires:

  1. Rien à redire à cet édito, sinon que pour Messi, ça s'apparente à de la prostitution...

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  2. Oui vous avez raison...Quelle responsabilité moral !!!! indécent,obscène les responsables du football.. Revenons sur terre une infirmière un infirmier gagne 1800€ par moi pour guérir des malades, ce garçon vient gagné 3.000.000€ par moi pour donner des coups de pied dans un ballon.

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  3. L'argent gagné par MESSI provient des gogos qui s'enthousiasment pour des confrontations sportives dont le résultat est lié aux sommes qu'on leur soutirent. Tant pis pour eux! Rien à voir avec les profits faits sur le dos de salariés....

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