Un président de la République française ne devrait pas dire ça. Alors que l’heure est à la mobilisation générale pour organiser la solidarité internationale avec le peuple afghan, pour Emmanuel Macron, la priorité est de « nous protéger des flux migratoires importants ». Voilà comment le locataire de l’Élysée considère ces milliers de femmes, hommes et enfants qui tentent désespérément, dans un chaos total, de fuir les talibans. Les terribles scènes de panique dans l’aéroport de Kaboul, les images de familles exténuées, échouées devant les barbelés des frontières des pays voisins, témoignent de l’effroi d’une population qui craint la répression des fous de Dieu. Les femmes savent qu’elles en seront les premières victimes, risquant d’être à nouveau emmurées vivantes, et redoutent que leurs maigres libertés gagnées, dont celle d’étudier et de travailler, leur soient retirées. Lapidations, mariage forcé : voilà à quoi tente d’échapper ce « flux migratoire » qui effraie tant le président de la République. Parmi les 250 000 Afghans contraints de fuir depuis la fin du mois de mai, 80 % sont des femmes et des enfants, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés.
Le plus élémentaire devoir d’humanité commande de leur tendre la main.
Aveuglé par ses cyniques calculs politiciens et son petit jeu dangereux avec
l’extrême droite, Emmanuel Macron en oublie l’essentiel, les valeurs
républicaines qu’il prétend pourtant défendre, au premier rang desquelles le
droit d’asile, inscrit noir sur blanc dans notre Constitution.
Devant le tollé provoqué
par son intervention, la majorité tente un rétropédalage maladroit et se
félicite que la France ait accueilli 600 réfugiés afghans quand le Canada
propose d’en accueillir 20 000. Le sinistre Erdogan, à qui l’UE a choisi
de sous-traiter sa politique migratoire, érige des murs à sa frontière avec
l’Iran. Emmanuel Macron peut dormir tranquille, les ponts-levis sont relevés,
la forteresse européenne est bien gardée.
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