Qui peut croire un seul instant que les talibans allaient respecter leur parole, consignée dans l’accord secret conclu avec l’impérium nord-américain ? Les Nations Unies dénoncent la traque d’anciens fonctionnaires, de militants démocrates, des droits des femmes, de l’éducation et de la culture, de la liberté d’informer ou de la paix.
Seul le ministre des Affaires étrangères de notre pays ose parler d’un « gouvernement inclusif ». Belle fable ! Ce sont les envoyés de M. Trump, puis de M. Biden, qui ont fait le choix de négocier exclusivement avec les seigneurs de guerre, au détriment de toutes les autres forces politiques, associatives et religieuses afghanes.
Ce sont eux
déjà qui, après avoir déversé sur le pays un déluge de fer et de feux, ont
imposé une constitution à « l’américaine » et choisi le chef de
l’exécutif afghan, lequel arrosait avec les dollars américains les députés qui
n’avaient pour unique rôle que de l’adouber. Ces derniers et les potentats
locaux détournaient l’argent public venu de l’étranger pour construire leurs
belles villas dans les pays du Golfe, tandis que la rébellion talibane se
nourrissait aux mêmes gamelles auxquelles s’ajoutait
« l’impôt » sur l’opium.
En niant
l’histoire et la géographie, toutes les spécificités de la vie afghane, les
groupes et les réseaux de solidarité locaux et régionaux ainsi que les
différents groupes religieux, les pays de l’OTAN ont sciemment ignoré les
démocrates, les penseurs, les travailleurs, la jeunesse urbaine en quête
d’émancipation, les femmes qui encore le 16 août dernier manifestaient pour
réclamer le droit d’étudier, de travailler, de voter et d’être élues.
Ce
comportement munichois laissera de profondes traces. Il montre, à quel point
jamais la guerre n’est la solution, ni en Afghanistan, ni en Irak, ni en Lybie,
ni en Syrie. L’Otan aura semé la mort et le désespoir dans toute la région au
nom de l’exportation de la démocratie et des libertés qui n’a été que le
paravent du combat contre les forces communistes, socialistes, syndicalistes et
progressistes dans tout le Moyen Orient, en alliance avec l’hydre islamiste.
Mais dans un
contexte nouveau de celui d’il y 20 ans, la capitulation de Kaboul constituera
une onde de choc servant d’appui pour la déstabilisation de plusieurs États
dans la région, du Pakistan à l’Inde et toute l’Asie centrale jusque certaines
contrées chinoise. Peut-être est-ce une des espérances de l’administration
américaine qui de surcroit veut intensifier la nouvelle guerre froide avec
Pékin. Le pouvoir chinois ne l’acceptera pas et cherche des compromis avec les
talibans pour sa protection et pour l’exploitation des immenses richesses
du sous-sol, en compétition féroce avec les multinationales occidentales. Ceci
ne fera en définitive que renforcer les nouveaux maîtres de Kaboul.
Ajoutons que
la nouvelle donne en Afghanistan procure des ailes à d’autres mouvements
islamistes dont ceux de la région du Sahel où la France est très impliquée.
L’intérêt de
tous contre le djihad islamiste devrait conduire les pays de l’Union européenne
à ne pas suivre l’impérium en difficulté mais à s’efforcer de promouvoir un
dialogue de type nouveau, sans concession, entre toutes les nations concernées,
y compris avec la Chine et la Russie, sans lesquelles rien ne saurait changer.
Notre combat
solidaire pour un nouvel internationalisme poussant loin le progrès social, démocratique,
le développement humain et écologique, dans le cadre de nations souveraines,
doit reprendre des forces.
Cette
solidarité doit nous conduire à agir pour empêcher les expulsions de
ressortissants afghans, à faire respecter les conventions de Genève sur le
droit d’asile des citoyens afghans menacés. La coopération et des actions de
soutien devraient être menées avec les mouvements démocratiques, de paix et de
protection des femmes. La Fête de l’Humanité dans quelques semaines en sera
l’un des lieux.
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