Venus majoritairement
d’Asie, des milliers d’employés migrants laissent leur vie dans la construction
d’infrastructures. L’ONG Amnesty demande au Qatar d’enquêter sur les
circonstances des décès.
L’organisation de défense des droits humains Amnesty
International épingle le Qatar pour les morts inexpliquées par
milliers sur les grands chantiers de la Coupe du monde de football en
2022. « Les autorités qataries ont omis d’enquêter sur la mort de
milliers de travailleurs migrants survenue au cours de la dernière décennie,
malgré des preuves établissant un lien entre les décès prématurés et les
conditions de travail dangereuses », affirme l’ONG, jeudi 26 août,
dans un communiqué à la veille de la publication d’un rapport.
Ce texte pointe les pratiques du Qatar attribuant
systématiquement les décès à des « causes naturelles » ou à
des « insuffisances cardiaques ». Dans 70 % des cas, les
motifs ne sont pas déterminés, selon Amnesty, qui s’appuie sur l’analyse de
registres dans les pays d’origine des migrants décédés.
Sur le terrain, l’application des mesures se fait attendre
« Nous ne sommes pas d’accord avec la position qu’adopte Amnesty à
l’encontre du Qatar. L’impact positif des réformes relatives
à l’emploi est clair pour tous » , dit un porte-parole du gouvernement
qatari dans un communiqué. Il évoque des « réformes majeures »,
dont l’établissement d’un nouveau salaire minimum, la fin des permis de sortie,
de meilleurs logements ou encore l’amélioration des règles de sécurité.
Ces mesures se font toutefois longtemps attendre sur le terrain. Le statut
de forçats imposé aux milliers de migrants demeure la réalité sur de nombreux
chantiers.
Venus majoritairement d’Asie, ces travailleurs subissent un traitement qui
s’apparente à de l’esclavage régulièrement dénoncé par des ONG. Plus de 6 500
employés ont laissé leur vie lors de la construction des stades et
infrastructures, selon des révélations du Guardian. Doha dément l’information
du quotidien britannique mais refuse de rendre public le nombre exact de morts.
Contraints à travailler entre 66 et 77 heures hebdomadaires dans une
chaleur caniculaire, ces ouvriers logent dans des abris de fortune. Privés de
leur passeport confisqué dès leur arrivée, ils sont condamnés à accepter ces
conditions insupportables, à la merci de leurs employeurs.
La responsabilité des multinationales et de la Fifa
Dans une tribune publiée
dans le Monde le 26 juin, des élus et des dirigeants
associatifs demandent à ce que les entreprises qui interviennent soient
soumises à une obligation concrète de vigilance. Ils rappellent la
responsabilité des multinationales et de la Fifa, « qui tirent profit
de l’exploitation des hommes et de la destruction de l’environnement sous le
prétexte du sport ». Ils appellent à tirer les leçons « de
l’application de la loi française du 27 mars 2017 (…) relative au devoir
de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre ».
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