mercredi 21 juillet 2021

Pegasus : Contre l’espionnage généralisé, défendre les libertés individuelles et collectives (PCF)



Les révélations récentes sur le logiciel espion « Pegasus » de la société israélienne NSO-Group viennent confirmer les atteintes liberticides graves liées à l’usage des technologies de surveillance numérique.

Une enquête conduite conjointement par Amnesty International et un consortium de journalistes a montré que 50 000 personnes dont un millier de Français ont eu leur smartphone ciblé permettant un accès aux données et à des écoutes téléphoniques.

Actuellement, une soixantaine d’États ont acquis ce logiciel dont une kyrielle d’États autoritaires comme l’Inde, le Mexique, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, l’Azerbaïdjan, la Hongrie, la Turquie ou le Maroc. Cette frénésie de surveillance vise à réduire au silence les journalistes, à s’en prendre aux militants, à écraser les oppositions et à surveiller d’autres États. L’argument qui consiste à justifier l’usage de ces logiciels au nom de la lutte contre le terrorisme ou la criminalité organisée ne tient pas au regard des personnalités surveillées.

L’État d’Israël porte une lourde responsabilité dans ces violations de la vie privée, des libertés individuelles et collectives dans la mesure où le ministère de la Défense confère seul les licences d’exportation. A n’en pas douter, cette concession a été une arme dans les rapprochements récents entre Tel-Aviv, Riyad, Abou Dabi ou Rabat.

Cette enquête montre aussi que le Maroc, client de NSO Group depuis 2017, apparaît comme l’un des plus grands utilisateurs du logiciel. Sans surprise, les militants du Hirak dans le Rif ou les journalistes et historiens comme Omar Radi, Souleiman et Hajar Raissouni, Fouad Abdelmoumni ou Maati Monjib font depuis plusieurs années l’objet d’une surveillance constante. Il en va de même des principaux dirigeants du Front Polisario qui luttent contre l’occupation coloniale et en faveur de l’application des résolutions de l’ONU pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination.

Rabat met la même application à espionner des personnalités françaises. Des militaires, des dirigeants publics, des diplomates, des journalistes du Canard Enchaîné, de Médiapart, du Monde ou de L’Humanité. Notre amie et camarade, Rosa Moussaoui, journaliste à L’Humanité est particulièrement visée en raison de son travail d’investigation exemplaire aux côtés des défenseurs des droits humains du Maroc et du Sahara Occidental. La municipalité d’Ivry sur Seine, engagée dans de nombreuses actions de solidarité avec les enfants sahraouis est dans le collimateur comme Claude Mangin, épouse de Nâama Asfari arrêté en 2010 lors du soulèvement du camp de Gdeim Izik et condamné à 30 ans de réclusion.

Ces intimidations de la part du Maroc ne feront pas taire la solidarité des communistes avec le peuple sahraoui, les démocrates marocains et tous ceux qui en France se battent pour le respect des droits humains.

En revanche, tous ceux qui s’inquiètent des menaces qui pèsent sur nos libertés ne peuvent qu’être atterrés par le silence complice des gouvernements français et européens qui n’ignoraient rien de telles pratiques que Patrick Le Hyaric qualifie à juste raison de « banditisme d’État ». Cela appelle à des mobilisations. Le Conseil de l’Europe doit être saisi sur ces agissements délictueux et criminels tandis que les Nations Unies doivent adopter au plus vite une Convention internationale contre ces armes numériques.

Depuis plusieurs années, le Parti communiste français (PCF) s’indigne des complaisances de Paris avec l’État tortionnaire marocain. La présence d’Eric Dupond-Moretti au gouvernement comme ministre de la Justice mais aussi comme conseiller du roi Mohammed VI est un signal inquiétant. Face aux exactions de Rabat, la France et l’Union Européenne doivent suspendre leur accord d’association, exiger la libération des prisonniers politiques, lever les entraves à la mission de la MINURSO en matière de droits humains au Sahara Occidental et agir en faveur de l’organisation d’un référendum d’autodétermination.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

 

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