Jusqu’au 31 juillet, se font entendre, à Sète, les Voix vives de Méditerranée en Méditerranée, avec 80 poètes issus de ses rives.La 24e édition du festival international de poésie Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée, se tient à Sète. Rencontre avec Maïthé Vallès-Bled, qui le dirige.
N’est-ce pas un tour de force d’avoir pu organiser, en temps de pandémie,
une telle manifestation ?
Maïthé Vallès-Bled : Une gageure, un combat, un tour de force, si.
Nous l’avions déjà maintenu l’an passé, malgré un contexte aussi pesant. Un des
problèmes a été de pouvoir réunir l’ensemble des cultures, des langues, des
alphabets de la Méditerranée. Il est bien sûr quelques pays dont les poètes ne
pourront venir. Nous avons donc invité des poètes émigrés en Europe depuis
quelques années, qui pour beaucoup continuent d’écrire dans leur langue
d’origine. C’est le cas du Palestinien Raed Wahesh, qui vit en Allemagne, du
Colombien Eduardo Garcia Aguilar, qui est en France, de l’Égyptien Ahmad Yamani
en Espagne… Comme d’habitude en Occident, on considère que la poésie ne sert
pas à grand-chose. Économiquement, certes, elle n’a aucun intérêt. Tant mieux !
Ses préoccupations sont ailleurs. Elle ne parle que de l’humain.
Combien de poètes participeront aux réjouissances ?
Maïthé Vallès-Bled : Ils sont plus de quatre-vingts, de toutes
langues, de toutes tendances de la poésie contemporaine, de toutes générations.
Quelles sont les grandes lignes du projet ?
Maïthé Vallès-Bled : Nous voulons avant tout installer la poésie dans
les lieux du quotidien. La démocratisation de la culture nous préoccupe depuis
toujours. Qu’est-ce que cela signifie ? Transmettre le meilleur au plus grand
nombre possible. D’où le choix d’installer la poésie dans les rues de la ville
arpentées tous les jours de l’année, et aussi dans les jardins, les cours,
lieux d’accès gratuit. Il y a deux ans, il y a eu plus de
71 000 spectateurs, l’an passé 10 000 de moins, à cause de l’annulation de
tous les gros spectacles.
Paul Valéry et Georges Brassens, deux gloires sétoises, sont à l’honneur…
Maïthé Vallès-Bled : Pour Valéry, il y aura un spectacle poétique et
musical, avec Brigitte Fossey, qui a choisi un certain nombre de poèmes,
accompagnés au violoncelle par Catherine Warnier. Ce sera le 24 juillet à
21 h 30. Chaque jour, un rendez-vous « Poésie de Paul Valéry » aura lieu à bord
d’un chalutier à quai. Pour Brassens, hommage lui sera rendu par la voix de Guy
Allix, à la fois poète, musicien et chanteur.
Le besoin de poésie, même inconscient, demeure-t-il à vos yeux un remède
essentiel à la crise d’âme que traverse le monde ?
Maïthé Vallès-Bled : La poésie s’inscrit d’emblée dans le monde, en
même temps aux plans socio-politique et géopolitique collectif et individuel.
La langue poétique est synthétique. En peu de mots, elle énonce un maximum de
sens, en s’adressant à cette part de nous qui n’est pas matière. Il s’agit
d’une nourriture fondamentale. On la reçoit comme telle.
Sera-t-il question de Salah Stétié ?
Maïthé Vallès-Bled : J’ai prévu un hommage à nos amis poètes disparus
au cours des deux dernières années. À Salah Stétié, qui fut notre président
d’honneur, nous avions rendu hommage l’an dernier. J’ai voulu, cette année,
continuer de rappeler la présence de ceux qui ne sont plus : Salah, donc, et
Kolja Micevic, qui faisait partie de l’équipe, tout comme Michel Baglin, Pierre
Oster. Cela se fera sous forme de lectures musicales, le 26 juillet à
21 h 30.
Du 23 au 31 juillet. Programme et renseignements sur www.voixvivesmediterranee.com
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