« La culture n’est pas un supplément d’âme, c’est l’âme d’un pays », disait fort
justement Jack Ralite. Mais quel est donc le problème du pouvoir macroniste
avec la culture ? Pourquoi salles de cinéma, théâtres et festivals ont-ils dû
se conformer, avant tout le monde, au passe sanitaire ? Y a-t-il plus de
risques de créer un cluster dans les gradins d’un théâtre antique qu’à la
terrasse d’un café ? Pourquoi aucune souplesse n’a-t-elle été accordée aux
acteurs du secteur ? Est-on plus enclin à contracter le Covid assis dans un
fauteuil de salle de cinéma que dans celui d’un TGV ? D’une certaine façon, ces
questions relèvent de la rhétorique car le mal est fait.
Le premier bilan s’avère catastrophique : baisse de la fréquentation,
désaffection des publics, annulations en cascade. Le secteur se relevait à
peine d’un « annus horribilis » de confinements qu’il reprend un uppercut en
pleine poire. Le choc économique est rude. Mais le dispositif du « passe »
porte également atteinte à la « mission » des acteurs culturels, comme nous le
dit un directeur de compagnie : « On nous demande donc de refuser
l’accès à la culture à des gens qui en auraient le plus besoin. » Même
si ce n’est pas sa fonction première, le passe sanitaire accélère le passage de
« la culture pour tous », chère à Jean Vilar, à « la culture pour chacun »,
théorisée par Nicolas Sarkozy.
Au cœur de ce nouvel été
moribond, il serait injuste de ne pas y adjoindre les lieux de loisirs, où les
familles populaires profitent aussi des congés d’été – obtenus grâce à une
grève générale en 1936 (cela peut se rappeler de temps en temps). Refusant
d’assumer l’obligation vaccinale, Emmanuel Macron a opté pour une option
intrinsèquement inégalitaire et injuste : vous avez le choix mais, selon votre
décision, vous serez interdit d’un certain nombre d’activités. Imaginons ce
principe de droits différenciés répliqué à l’échelle de l’ensemble de
l’organisation de la société.
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