« Cette vague réalisée au cours du mois de mars 2021 est le reflet d’une
nouvelle étape dans la décrispation du rapport des Français vis-à-vis
de l’immigration et des différents groupes minoritaires présents sur le
territoire » : il faut sans doute s’y prendre à deux reprises pour
s’imprégner, dans le climat actuel particulièrement rance, de ce que le rapport
annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme nous
apprend de l’état d’esprit de la population. C’est une conclusion simple,
limpide, d’une enquête extrêmement fouillée et détaillée. On en fera, avec
plaisir, un antidote au poison trop souvent distillé à longueur d’antennes,
d’ondes et parfois de colonnes sur la droitisation de la société française et
son supposé repli identitaire. Pour le dire d’une formule, CNews n’est pas la
voix d’une « majorité silencieuse » mais plutôt celle d’une minorité anxieuse.
« Il n’en reste pas moins que certains des préjugés testés dans
l’enquête restent parfois très répandus au sein de la population », souligne
le même rapport. Habituelle dialectique entre les « stocks » et les « flux ».
Mais la dynamique se trouve du côté de l’ouverture culturelle. Comment
s’impose-t-elle, année après année ? Par le renouvellement générationnel avec
l’arrivée à l’âge citoyen de jeunes adultes qui regardent le monde avec une
optique plus large et des codes plus modernes que la génération précédente.
De ce point de vue, il
faut reconnaître qu’une sorte de « schéma américain » semble s’appliquer à la
France. Un nouveau pays émerge, plus divers, plus « tolérant », faisant bouger,
par ce qu’il pense, les lignes de démarcation. Un vieux pays ne s’y reconnaît
pas et se « surarme » idéologiquement pour faire « digue ». Au sens littéral du
terme, il s’agit d’une « réaction ». Elle marque incontestablement des points
en France dans le champ médiatique et institutionnel. D’autant que la « France
de demain » émergente n’a toujours pas trouvé de représentation politique à la
hauteur de sa force dans la société. Chacun aura compris qu’il s’agit sans
doute du principal chantier pour la gauche.
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