Fallait-il espérer du chef de l’État un peu d’universalisme, incarné dans
un cap à peu près clair et logique ? Il n’est certes jamais interdit de parier
sur une grosse cote. Nous avons assisté, lundi soir, à un moment de pur
macronisme entre décision solitaire et autoritaire, esprit différentialiste et
ton arrogant à tendance infantilisante. Trois jours après l’allocution
présidentielle, la France se retrouve encore plus perdue et divisée qu’elle ne
l’était auparavant. Certains scientifiques et élus demandaient l’instauration
d’une obligation vaccinale pour l’ensemble des Français, comme c’est le cas des
onze sérums. Les arguments avancés ont leur cohérence : la vaccination
constitue le seul bouclier face à la pandémie, la liberté de chacun ne peut
incorporer celle de mettre la vie d’autrui en danger.
Le président de la République ne leur a pas donné droit. Il a opté pour un
parangon d’usine à gaz technocratique finalement assez fidèle à sa philosophie
politique : culpabilisation et punition là où responsabilisation et débat
s’avéraient nécessaires ; individualisation d’un problème collectif ; bref,
fragmentation inégalitaire à tous les étages. Au nom de quel principe policiers
et gendarmes seront exemptés de cette obligation, tandis que l’étudiante
serveuse dans un bar et le contrôleur SNCF devront exciper de leur QR Code sous
quelques jours ?
Emmanuel Macron a, de
plus, choisi d’instrumentaliser la lutte contre la pandémie pour soigner sa
base électorale (de droite) à laquelle il a apporté en ex-voto la promesse
d’une réforme des retraites incluant le recul de l’âge de départ et,
accessoirement, l’exemption des églises. Bref, le monarque républicain ajoute
des insécurités et des injustices à une société, diffuse dans les pores de
celle-ci la logique du flicage généralisé, fragilise une protection sanitaire
et sociale collective qu’il prétend renforcer. Fallait-il finalement s’attendre
à autre chose ?
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