Ils s’envoient en l’air. Avec leurs joujoux de centaines de millions de
dollars, Richard Branson, Jeff Bezos dans quelques jours, s’offrent leur billet
de manège pour quelques minutes en apesanteur. Leur business, dit-on, n’a pas
fini de tourner. Ils inaugurent le tourisme spatial. Après les yachts hors
mesure, les plages et îles privées, pourquoi pas l’espace pour les hyper-riches ?
Il y a un marché. Ils n’ont jamais été aussi nombreux dans le monde, avec une
progression de plus de 6 % en un an et un total cumulé de
80 000 milliards de dollars. La France se tient bien, même très bien.
Selon le dernier classement des 500 premières fortunes de France du
magazine Challenges, elles ont progressé l’an passé de
30 %, pour atteindre 1 000 milliards d’euros. Les dix premières du
classement cumulent plus de 500 milliards d’euros, soit plus de cinq fois
le plan de relance annoncé pour faire face aux avatars d’hier et de demain de
la crise sanitaire, alors que ce sont les sommes injectées dans l’économie par
les banques centrales qui ont permis cette explosion. Dans le même temps, le
nombre de pauvres en France a augmenté d’un million.
Sans surprise, car ce
n’est pas un hasard, les cinq premiers groupes du classement de Challenges sont
ceux du luxe. Les mêmes qui ont versé les plus généreux dividendes. De Branson
et Bezos aux montres à 150 000 euros de la nouvelle Samaritaine de Bernard
Arnault, le capitalisme révèle une part non dite de sa nature profonde. La
jouissance, obscène et sordide, quelles qu’en soient les conséquences pour les
peuples et la terre. Il n’est plus à ce stade de justification industrielle, de
contribution au développement, de « ruissellement », censé aller à tous. De
manière paradoxale, c’est aux États-Unis que l’on parle désormais de faire
payer les riches. En France, où le total des grandes fortunes a doublé depuis
le début du quinquennat, c’est l’inverse. Mais, nous dit, toujours dans Challenges, le
philosophe André Comte-Sponville devenu éditorialiste : « Ce n’est pas
la richesse qu’il faut combattre mais la pauvreté. » C’est ça, tous en
orbite.
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