Selon un rapport d’Oxfam
publié ce vendredi, le contexte géopolitique, climatique et sanitaire pourrait
donner lieu à une explosion de l’insécurité alimentaire dans le monde.
Qu’est-ce qui coûte cher ? Les dépenses militaires. Leur hausse, en 2020, a
été de 2,7 % dans le monde, soit 51 milliards de dollars
(43,7 milliards d’euros). Qu’est-ce qui coûte beaucoup moins cher ? En
finir avec la faim dans le monde. Dans un rapport consacré à ce sujet publié ce
vendredi, l’ONG Oxfam rappelle que la hausse des budgets militaires « est
6,5 fois supérieure à l’appel des Nations unies pour la sécurité alimentaire de
2021, qui s’établit à 7,9 milliards de dollars (6,7 milliards
d’euros) ».
Une disproportion « insoutenable » pour Hélène Botreau,
chargée de plaidoyer sécurité alimentaire et agriculture à Oxfam France, qui
s’inquiète de voir la faim « utilisée comme une arme de guerre »,
les civils « intentionnellement privés de nourriture et d’eau » et
l’aide humanitaire « entravée ».
Les femmes davantage touchées
Selon le rapport intitulé « Le virus de la faim se propage », consacré à
l’année 2020, la violence armée est parmi les principaux fauteurs de famine. Le
rapport parle du « cocktail explosif » que représentent les
trois « C », à savoir les conflits, le Covid-19 et la crise climatique, qui
empêchent de nourrir les populations. Les chiffres sont édifiants. L’an passé,
pas moins de « 155 millions de personnes réparties dans 55
pays » ont été confrontées « à des niveaux d’insécurité
alimentaire extrêmes », soit 20 millions d’humains de plus que l’année
précédente. Au total, cinq à onze personnes pourraient mourir chaque minute de
la faim d’ici à la fin de l’année. Un chiffre comparable aux sept décès par
minute causés par le Covid-19 dans le monde lors de la semaine du 14 au
20 juin.
Les zones de conflits demeurent celles où le nombre de personnes à un
niveau d’insécurité alimentaire critique est le plus élevé. L’appel de l’ONU à
un cessez-le-feu général, prononcé en mars 2020 au tout début de l’épidémie,
n’a pas été entendu. La pandémie a entraîné une contraction de l’activité
économique de 3,5 % l’an passé, qui a fait bondir de 16 % le nombre
de personnes en situation de pauvreté. Dans certains pays, la situation est
catastrophique, comme au Nigeria, où 88 % des agriculteurs interrogés en
août 2020 indiquaient avoir perdu la moitié de leurs revenus. Entre hommes et
femmes, fait valoir le rapport, l’inégalité devant le risque de faim est
énorme. 5 % des femmes ont perdu leur travail dans le monde, contre
3,9 % des hommes. Au total, 47 millions de personnes supplémentaires
pourraient basculer dans l’extrême pauvreté cette année.
400 catastrophes météorologiques
Le changement climatique, relève le rapport, a des effets toujours plus
dévastateurs. 400 catastrophes météorologiques ont été enregistrées. Les
problèmes liés à l’évolution des températures ont entraîné pas moins de
50 milliards de dollars (42 milliards d’euros) de dégâts et fait
plonger « près de 16 millions de personnes dans quinze pays dans
des niveaux d’insécurité alimentaire critiques ». En effet, « 63 %
de l’impact de ces chocs climatiques » est concentré sur l’agriculture
ou la production alimentaire.
Pour Hélène Botreau, il
y a « urgence à combattre les causes structurelles de la faim ».
Cela passe, selon le rapport, par des décisions à prendre rapidement : une aide
d’urgence ; veiller à ce que les belligérants n’entravent pas l’accès aux
populations qui ont besoin d’aide humanitaire ; la construction de systèmes
alimentaires justes et durables ; des mesures contre le changement climatique
et un vaccin pour tous.
En 2020, les riches ne connaissent pas la crise
Au cours de l’année 2020, « la
fortune des dix personnes les plus riches (dont neuf sont des hommes) a
augmenté de 413 milliards de dollars », accuse le rapport d’Oxfam sur
la faim dans le monde. Cela représente onze fois le montant de l’appel
humanitaire des Nations unies pour l’année 2021
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