Au premier tour on choisit, au second on élimine, dit l’adage. Ou disait,
devrait-on plutôt écrire. Dimanche, une nouvelle rupture démocratique s’est
produite. Après un premier scrutin régional et départemental calamiteux marqué
par l’abstention de deux électeurs sur trois, le deuxième n’a pas mobilisé
davantage. Comme si, quel que soit l’enjeu, donner de la force à ses idées ou
barrer la route à celles que l’on combat, l’électeur ne voyait plus l’intérêt
de passer devant les urnes.
La désaffection est particulièrement nette par rapport à 2015 où la
participation, déjà peu glorieuse, de 50 % au premier tour des régionales était
remontée à près de 60 % en une semaine. Le glas a aussi sonné de l’espérance en
ce sursaut civique et, avec elle, de la croyance que l’abstention serait la
faute au beau temps ou au gros temps, à la distraction ou la désinvolture.
Dimanche, fort heureusement, le danger de voir glisser une ou plusieurs régions
dans les mains du RN a été conjuré. La gauche, même si elle ne défait pas
partout la droite sortante, peut être satisfaite de son bilan, qui devrait
conforter ses positions. Le PCF regagne des élus, et la communiste Huguette
Bello présidera La Réunion. Mais ces résultats ne sont pas le fruit d’une
remobilisation des électeurs.
Ce qui se joue dans ces
élections n’a pourtant pas faibli, au contraire. Les compétences des
collectivités ont augmenté avec la décentralisation. Toute la vie est
concernée : transports, aides sociales, formation, enfance, dépendance,
handicap… L’extrême droite fait peser en permanence la menace que l’action dans
ces domaines soit confisquée au service d’un projet antirépublicain. Mais la
dépolitisation du scrutin opérée par le chef de l’État, qui en a exclu tout
effet sur la politique nationale, l’ultra-personnalisation de la vie publique
autour du duel fantasmé Macron-Le Pen à la présidentielle 2022 et la
confusion voulue à droite par l’appel à un « front républicain » à l’envers,
contre la gauche, se sont combinées pour brouiller les enjeux. Un cocktail
suicidaire pour les forces politiques. Au point de se demander pour qui sonne
le glas de la participation aux élections.
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