Du côté de l’Élysée, tout a été tenté pour enjamber le second tour des
élections et l’échec cinglant des listes LaREM, y compris lorsqu’elles étaient
conduites par des ministres. Parler et faire parler d’autre chose, voilà quelle
a été la stratégie présidentielle : de l’annonce du calendrier de l’élection
présidentielle aux larmes de crocodile sur l’abstention de la part de ceux qui
en sont les premiers responsables. Mais les ressorts de la fracture
démocratique sont les mêmes que ceux qui ont conduit à la défaite de la
majorité.
Le macronisme, qui se faisait fort de réenchanter la politique, aboutit
dans les faits à son abaissement. Le dédain affiché à l’égard des institutions
locales, le mépris vis-à-vis du débat démocratique au Parlement, la violence
comme réponse aux mouvements sociaux ont affaibli un peu plus l’idée même de la
démocratie et de l’utilité du vote. Le président peut bien tenter de passer à
autre chose, le déficit démocratique, dont il est le premier responsable,
couplé à l’échec électoral, pose la question de la légitimité de son
gouvernement et de ses futures actions, mais aussi de ses ambitions politiques.
Certes, ces élections ne disent rien de définitif sur la suite. L’échec du RN
et de LaREM ne signifie pas que le duel Macron/Le Pen n’aura pas lieu. Mais
elles prouvent qu’il n’est pas inéluctable. Elles illustrent le fait que le
« moment Macron » de 2017 traduisait plus un rejet des autres que l’adhésion à
une nouvelle offre. Elles démontrent que le réenchantement démocratique et le
changement ne sont pas espérés de ces côtés de l’échiquier.
Mais, déjà, les
prétendants s’agitent, non pour réduire la fracture démocratique, mais pour
remettre au plus vite Le Pen au centre du jeu afin de s’arroger le titre de
meilleur rempart. Or, les Français n’en peuvent plus de cette politique par
défaut. L’espace existe pour une vraie confrontation de projets de société.
Cela pourrait être une bonne nouvelle… Pour peu que le débat se hisse au-dessus
de la caricature et de l’agitation des peurs.
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