Allez savoir pourquoi, mais c’est cette déclaration du président qui nous
est revenue à l’esprit. « La politique sociale, regardez : on met
un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même
pauvres. On n’en sort pas. » Ce propos est encore plus grossier à la
lecture de chacune des 22 pages du rapport de l’Observatoire des
multinationales. On soufflerait presque à l’oreille d’Emmanuel Macron que si le
pays compte des assistés, ils ne font pas la queue devant les soupes
populaires, mais sont confortablement lovés au sein du CAC 40. Voyons
de plus près.
Alors que la pauvreté explose de partout, ce très sélect groupe a versé
quelque 51 milliards d’euros à ses actionnaires, « soit
l’équivalent de 140 % des profits qu’il a réalisés en
2020 », précisent les rapporteurs. Total et Sanofi ont été les plus
bienveillants. Pas de quoi s’indigner, rétorqueront les libéraux, l’État
y trouvant son compte puisqu’il perçoit lui aussi des dividendes. Oui
mais voilà, 100 % des membres du CAC 40 ont touché des aides publiques en
raison de la crise du Covid-19. Près de 80 % d’entre eux ont pu bénéficier
du système de chômage partiel mis en place par le gouvernement, voire en abuser.
Sans subir la moindre pression, le nec plus ultra du capitalisme français prévoit
de supprimer 62 486 emplois, dont 29 681 en France. À chaque poste
supprimé, 815 000 euros tombent dans les poches de ses actionnaires.
Bombance pour les fortunes, des larmes et un goût de cendre dans la bouche pour
les autres.
Nul autre pays en Europe
ne s’est montré aussi généreux avec les deniers publics : les mastodontes
économiques ont perçu 155 milliards d’euros d’aides au plus fort du pic de
l’épidémie, auxquels il convient d’additionner les 150 milliards dégagés
en amont. Que l’État vienne à la rescousse des entreprises n’a rien de choquant
en soi. Mais sans contreparties ni conditions, cela relève du scandale
politique. Ce sont ces largesses aux plus riches qui coûtent un pognon de
dingue à la France et qui font aujourd’hui défaut aux services publics et aux
véritables victimes de la crise.
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