jeudi 27 mai 2021

« Les assistés du CAC 40 », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Allez savoir pourquoi, mais c’est cette déclaration du président qui nous est revenue à l’esprit. « La ­politique sociale, regardez : on met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres. On n’en sort pas. » Ce propos est encore plus grossier à la lecture de chacune des 22 pages du rapport de l’Observatoire des multinationales. On soufflerait presque à l’oreille d’Emmanuel Macron que si le pays compte des assistés, ils ne font pas la queue devant les soupes populaires, mais sont confortablement lovés au sein du CAC 40. Voyons de plus près. 

Alors que la pauvreté explose de partout, ce très sélect groupe a versé quelque 51 milliards d’euros à ses actionnaires, « soit l’équivalent de 140 % des ­ profits qu’il a réalisés en 2020 », précisent les rapporteurs. Total et Sanofi ont été les plus bienveillants. Pas de quoi s’indigner, rétorqueront les libéraux, l’État y ­trouvant son compte puisqu’il perçoit lui aussi des dividendes. Oui mais voilà, 100 % des membres du CAC 40 ont touché des aides publiques en raison de la crise du Covid-19. Près de 80 % d’entre eux ont pu bénéficier du système de chômage partiel mis en place par le gouvernement, voire en abuser. Sans subir la moindre pression, le nec plus ultra du capitalisme français ­prévoit de supprimer 62 486 emplois, dont 29 681 en France. À chaque poste supprimé, 815 000 euros tombent dans les poches de ses actionnaires. Bombance pour les fortunes, des larmes et un goût de cendre dans la bouche pour les autres.

Nul autre pays en Europe ne s’est montré aussi ­généreux avec les deniers publics : les mastodontes économiques ont perçu 155 milliards d’euros d’aides au plus fort du pic de l’épidémie, auxquels il convient d’additionner les 150 milliards dégagés en amont. Que l’État vienne à la rescousse des entreprises n’a rien de choquant en soi. Mais sans contreparties ni conditions, cela relève du scandale politique. Ce sont ces largesses aux plus riches qui coûtent un pognon de dingue à la France et qui font aujourd’hui défaut aux services ­publics et aux véritables victimes de la crise. 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire