La révolte des jeunes Palestiniens de Jérusalem est
juste. On aimerait d’abord, sans attendre, entendre ces mots-là à l’Élysée,
dans les capitales du monde comme à l’ONU. Dans la partie orientale de la ville
des trois religions, dont le quartier Cheikh Jarrah, ils manifestent depuis des
jours contre l’oppression qui peut conduire en prison le simple porteur d’un
drapeau palestinien, contre les expulsions programmées de familles entières,
contre les provocations. Aux vociférations des extrémistes juifs – « Mort
aux Arabes ! » – qui viennent les défier sans que la police s’en
émeuve – c’est un euphémisme –, s’ajoute l’utilisation d’inventions aussi
sophistiquées qu’ignominieuses comme les canons à eau puante. Ils servent à
disperser les rassemblements de soutien aux familles expulsées. L’enjeu, avec
le soutien du pouvoir et du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou,
c’est la colonisation de Jérusalem-Est, la maîtrise totale de toute la ville,
dont le sacre comme capitale de l’État hébreu par Donald Trump a été une étape
marquante.
Aux violences des derniers jours, avec plus de cinq cents blessés chez les
manifestants à la mosquée Al-Aqsa, le troisième lieu saint de l’islam, semblait
avoir succédé hier un calme relatif après le renoncement de l’État à sa marche
de la conquête de Jérusalem en 1967. Mais il faut appeler un chat un chat
et des roquettes des roquettes. C’est en se prévalant de l’aide aux
manifestants que le Hamas a choisi de détourner à son profit leur révolte avec
une série de tirs ciblant plusieurs villes du Sud et Jérusalem même. En retour,
les raids israéliens, totalement intolérables, frappant 140 cibles, ont fait
plus de vingt morts civils, dont neuf enfants. Cet embrasement ne sert en rien
la cause de la population arabe.
Les phrases creuses non
plus. Les provocations, l’oppression, l’apartheid, les humiliations contre
Jérusalem-Est doivent cesser. Des sanctions doivent être prises sans attendre
les hypothétiques arrangements de couloir que bricoleraient les États-Unis. Il
serait temps de clamer aussi qu’un peuple qui en opprime un autre « n’est
pas un peuple libre ».
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