On ne peut plus l’ignorer. Le spectre de l’annulation des Jeux de Tokyo
hante le monde olympique. Elle est désormais souhaitée sur place par plus de
80 % de la population. Quarante villes refusent d’accueillir des athlètes,
la mobilisation de 10 000 personnes pour la seule sécurité sanitaire est
vivement contestée. Sans doute, le Japon n’est pas des plus frappé par le
Covid. Reste qu’il affronte actuellement une quatrième vague, avec 5 000 cas
nouveaux par jour. Il n’est en rien surprenant, dans ces conditions, que l’on
s’y inquiète de l’arrivée au total de quelque cent mille personnes venant de
l’étranger.
La position du gouvernement Suga, après celui de Shinzo Abe, devient de
plus en plus inconfortable. Non seulement parce qu’en cas d’annulation de son
fait, il devrait reverser au Comité international olympique quelques milliards
de dollars, mais aussi parce qu’il avait fait de ces Jeux, avec une flamme
olympique partant de Fukushima, le symbole d’une grandeur japonaise retrouvée
après la catastrophe et la crise économique. C’est pour le moins compromis.
Mais on peut s’étonner aussi de son incurie. Comment se fait-il, après le
report de l’an passé, que moins de 5 % de la population soit aujourd’hui
vaccinée ? Sans doute, la question des brevets peut être évoquée, mais elle ne
saurait tout expliquer s’agissant de la troisième puissance du monde, membre du
G7. Il semblerait que les politiques libérales ne soient pas forcément les
meilleures pour répondre aux crises.
Au-delà, cette sombre
perspective ne touche pas que le Japon. Son impact financier pour le CIO et,
par rebond, pour toutes les structures dépendant de lui dans le monde serait
considérable. On ne peut exclure non plus des retombées négatives pour Paris
2024, sur les droits télé et tout autre secteur concerné par la manne
olympique. C’est peut-être là aussi un modèle à revoir sur un autre mode que
celui du gigantisme. En attendant, on peut penser aux athlètes. C’est dans deux
mois. Rien n’est encore joué.
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