Par Patrick Le
Hyaric. Les campagnes des élections régionales et départementales sont
officiellement ouvertes, malgré les apparences, ce lundi 31 mai. En discutant
dans les quartiers comme dans les villages, on observe et regrette
qu’elles ne mobilisent pas les foules.
La faute au Covid ? Pas si sûr. D’abord, les élections régionales ont
souvent été caractérisées par un lourd silence des urnes. En 2015 puis en 2020,
la moitié des électrices et électeurs ne s’étaient pas mobilisés. En 2017, les
élections législatives n’avaient, elles aussi, attiré que 49 % des électeurs au
premier tour et 43 % au second.
La crise de la politique n’est pas un épiphénomène regrettable, mais une
réalité profonde. La promesse que le macronisme signerait un renouveau
démocratique s’est évanouie dans les limbes d’une politique méprisante,
humiliante pour les plus modestes. Pour toute nouveauté, elle n’a été que fuite
en avant dans ce que la politique avait déjà de lointaine, d’artificielle et de
jargonneuse. L’originalité de ce quinquennat tient plus de l’amplification de
choix en faveur des puissances d’argent qui s’en repaissent en évitant qu’on en
parle, que d’un renouveau de la politique. « Pour vivre riche, vivons
cachés » est leur devise.
L’éloignement des élus régionaux et des politiques régionales, d’une part,
et des citoyens, de l’autre, contribue sans aucun doute à ce surcroît de
désaffection. Un bilan réel du redécoupage des régions et de leur insertion
dans les structures européennes aurait dû être mené sans œillères. Mais,
surtout, depuis des semaines, une opération répugnante est menée qui consiste
non plus à débattre des enjeux et des choix politiques régionaux ou
départementaux, mais essentiellement d’opérations d’alliances ou de
mésalliances politiques. Autrement dit, il s’agirait désormais de gérer ces
collectivités selon des politiques prédéfinies en s’adaptant à « la
recomposition politique ».
Les enjeux décisifs pour les classes populaires, lesquels dépendent de
choix politiques, sont passés sous le tapis : où met-on l’argent
public ? Dans les écoles, dans la culture ou dans le soutien aux
entreprises qui licencient une fois les aides publiques empochées ? Quelle
politique mener pour la petite enfance ? Avec quel nombre de
crèches ? Quels choix pour les personnes âgées dépendantes ?
Continuons-nous à financer les Ehpad privés ou voulons-nous créer de nouvelles
structures plus humaines ? Comment s’assurer que l’argent public serve à
la formation et à la création d’emploi ? Quelle stratégie en lien avec
l’Etat pour engager des transitions environnementales ? Quels moyens pour
aider à l’installation des jeunes agriculteurs ? Quelles politiques
régionales de santé, après plus d’une année de pandémie ? Les sujets
ne manquent pas…
Mais de cela, il n’est
question dans aucun débat télévisé. Et hormis quelques candidatures communistes
et des listes d’union ancrées dans les préoccupations populaires, les candidats
ne s’y intéressent guère. Or c’est de la vie quotidienne de chacune et chacun
qu’il s’agit, pas de tactiques politiciennes visant à placer l’extrême droite
au centre du débat. Nos concitoyens ont besoin de débats politiques pour
pouvoir se prononcer en toute connaissance de cause.
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