Ça craque de partout. Les clignotants virent au noir et les hôpitaux
flirtent avec le burn-out. Il faut l’entendre, ce cri d’alerte des
professionnels des services de réanimation, il est terrible. Ces blouses
blanches nous disent que rien n’a été fait, ou si peu, depuis un an. Le tir n’a
pas été corrigé alors que l’on aurait pu former davantage d’hommes et de femmes
à même d’être sur cette première ligne si chère à Macron que son exécutif livre
pourtant à elle-même. Mardi, à l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé
s’est voulu catégorique en affirmant la chose suivante : « Nous ne
laisserons pas saturer les hôpitaux, nous ne laisserons pas les médecins se
retrouver dans la situation de devoir trier les malades. » Déprogrammer
des opérations, retarder des protocoles de soins, c’est déjà trier… Le dogme
des restrictions budgétaires est fatal.
Que de temps perdu, gâché ! Un temps précieux dans cette course effrénée
contre la montre, contre la mort. C’est pourquoi la décision de la France et
des autres puissances d’interdire la levée des brevets sur les vaccins
– du moins temporairement, comme le demandaient l’Inde et l’Afrique du
Sud – au sein de l’Organisation mondiale du commerce est honteuse. Elle
est meurtrière. Comment Emmanuel Macron peut-il vouloir « garantir un
accès universel et équitable à des vaccins » en signant un appel en ce
sens avec vingt-cinq autres dirigeants et conforter les grandes industries
pharmaceutiques, gavées de fonds publics, qui geignent dès que l’on évoque
l’idée d’une exemption de droits de propriété intellectuelle ?
« La vaccination est un
bien public mondial et il nous faudra être en mesure de développer, de
fabriquer et de déployer des vaccins dans les plus brefs délais », plaide
ledit appel. Pour l’heure, face à la tragédie, c’est le sauve-qui-peut et le
chacun pour soi qui dominent. L’intérêt général commande pourtant d’agir, et
vite. Le ton martial, les grandes envolées et les rétropédalages de dernière minute
n’ont plus leur place.
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