Olivier Chartrain. Marceau Taburet. Lola Scandella. Florent LE DU
Le chef de l’État
annonce la fermeture des établissements scolaires pour trois semaines et
élargit les mesures de restriction à l’ensemble de la métropole. Il ne
reconnaît qu’à demi-mot l’échec de la méthode qu’il défend depuis janvier.
Emmanuel Macron tente de tenir son cap. Le président de la République a
annoncé, mercredi soir, le durcissement des mesures sanitaires, avec notamment
la fermeture des écoles pour trois semaines. Mais pas de reconfinement
généralisé. Une manière pour le chef de l’État de ne pas se dédire quant au
choix de ne pas avoir confiné l’Hexagone fin janvier, alors que la communauté
scientifique assure que cela aurait évité l’engorgement des hôpitaux et le tri
des patients, que certains jugent inéluctable. « Nous avons gagné des
jours précieux de liberté (…) sans jamais perdre le contrôle de l’épidémie », a
pourtant osé le président de la République. Accusé par l’opposition d’avoir
pris un « pari » mortifère, Emmanuel Macron lui a
répondu : « Croire en la responsabilité des Français n’est jamais un
pari. » Une manière de mettre un possible échec de cette stratégie sur
le dos de l’inconscience de certains citoyens ? Le chef de l’État demande
des « efforts ». Y compris « aux soignants », qui
subissent pourtant toujours les conséquences de la politique libérale du
gouvernement. Fait rare, Emmanuel Macron a reconnu en conclusion qu’ « à
chaque étape de l’épidémie, nous pourrions nous dire que nous avons commis des
erreurs. Tout cela est vrai ». Espérons que le choix « assumé » de
la stratégie « freiner sans enfermer » n’en soit pas une
nouvelle.
1/ Fermeture des crèches et des établissements scolaires
Pour combattre le virus qui « circule dans les établissements mais
pas plus qu’ailleurs », a reconnu Emmanuel Macron, il sort l’arme
fatale : les vacances. Dans un premier temps, la semaine du mardi 6 au
samedi 10 avril, retour à la situation du printemps dernier : tout le
monde à la maison, des crèches aux lycées. Puis, du lundi 12 au dimanche
25 avril, deux semaines de vacances. Ce qui revient à les avancer d’une
semaine pour la zone C et de deux semaines pour la zone B. Les écoliers de la
maternelle au primaire reprendront en présentiel le lundi 26 avril,
collégiens et lycéens également, mais en distanciel pendant une semaine supplémentaire,
puis en présentiel à compter du lundi 3 mai – mais « avec des
jauges adaptées ». Les étudiants, eux, pourront continuer à aller à
l’université une journée par semaine.
Le président de la République a également réaffirmé que les enseignants
devaient être prioritaires pour la vaccination, mais toujours sans annoncer de
calendrier. Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU, prend acte de cette
fermeture mais demande : « Que fait-on dans trois semaines ? Le
protocole actuel a échoué, nous demandons que soient mises en place les mesures
que nous réclamons depuis septembre pour assurer à la fois les apprentissages
et la sécurité de tous. » Dans le secondaire, Sophie Vénétitay,
secrétaire générale adjointe du Snes-FSU, souligne que « rien n’a été
préparé » pour le passage au distanciel et que « bien peu de
leçons ont été tirées » depuis l’an dernier. Ce sont « encore
une fois les personnels qui vont tenir l’institution seuls », conclut-elle.
2/ Extension des mesures de freinage à toute la métropole
Pour les hôpitaux, Emmanuel Macron a déclaré qu’un « effort
supplémentaire » devait être fourni, avec une « augmentation
de nos capacités en réanimation », notamment à Paris. Ces « renforts » permettraient
de « porter notre capacité à un peu plus de 10 000 lits ». Il a
aussi expliqué qu’ « aucune région métropolitaine n’est
épargnée » par le virus, comme pour justifier l’extension des « mesures
de freinage », déjà en vigueur dans 19 départements, à l’ensemble du
pays. Ainsi, dès samedi soir, « et pour au moins quatre semaines »,
on ne pourra plus aller au-delà d’un rayon de dix kilomètres autour de son
domicile, sauf motif impérieux. L’attestation de déplacement ne sera
obligatoire qu’en cas de dépassement de ce rayon.
Le couvre-feu est maintenu partout à 19 heures. « Chacun doit
veiller à ne pas s’enfermer mais à limiter les moments de contact », a
indiqué Emmanuel Macron. De même, les commerces seront fermés, « selon
la liste déjà définie dans les 19 départements concernés » depuis dix
jours. Les déplacements interrégionaux sont autorisés jusqu’à lundi soir
5 avril. Passé cette date, ils seront interdits, sauf urgence. En ce
week-end de Pâques, le chef de l’État a appelé à la plus grande
vigilance. « Il faut éviter les rassemblements privés et les fêtes avec
la famille », a-t-il souligné.
3/ Intensifier la vaccination pour un retour à la normale
« Accélérer encore et encore » la vaccination. C’est la porte
de « sortie de crise » sur laquelle a insisté le président en
précisant le calendrier vaccinal des prochaines semaines. « Le vaccin
est efficace au bout de quinze jours après la deuxième dose », a-t-il
d’abord rappelé, en précisant que 8,5 millions de personnes avaient déjà
reçu une première injection et 3 millions, une deuxième. Le
16 avril, « de premiers rendez-vous seront ouverts pour les
personnes âgées de 60 à 70 ans », le 15 mai pour celles « entre
50 et 60 ans » et « à la mi-juin », pour
l’ensemble des Français de moins de 50 ans, a-t-il détaillé. Emmanuel
Macron a réaffirmé l’objectif de voir vaccinés tous les majeurs qui le
souhaitent « d’ici à la fin de l’été ». Les moyens de cette
accélération ? Acquérir « de plus en plus de doses en accélérant nos
achats et en produisant en France et en Europe », a affirmé le chef de
l’État, qui a promis que nous deviendrons, dans les semaines à venir, « le
premier continent au monde en termes de production de vaccins », sans
donner plus de détails.
Une stratégie qui devrait, selon les plans de l’exécutif, permettre
de « rouvrir progressivement le pays à partir de la mi-mai ». « Je
reviendrai vers vous prochainement pour préciser un agenda de réouverture »,
a indiqué le président, soulignant que « certains lieux de culture »,
les « terrasses », des établissements des secteurs du « sport », de « l’événementiel » et
de la restauration seraient concernés, avec la mise en place de protocoles
sanitaires. Mi-mai, comme il avait promis, le 1er mars, de desserrer
le l’étau sanitaire après « quatre à six semaines » ? Des
promesses bien fragiles.
À Jean Castex d’assurer
maintenant le service après-vente. Le premier ministre doit prononcer, ce
jeudi, une déclaration devant les parlementaires, le matin à l’Assemblée
nationale et l’après-midi, au Sénat. Discours suivi d’un débat et d’un vote des
élus, qui n’engagera pas cependant la responsabilité du gouvernement…
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