Le Stade de France ouvre
ce mardi. Le but : injecter 10 000 doses par semaine. Des élus craignent qu’il
ne soit pas adapté aux habitants du département, particulièrement touchés par
l’épidémie mais peu vaccinés.
Le public est de retour au Stade de France. Les 10 000 personnes par
semaine attendues dans l’enceinte dionysienne ne fouleront pas la pelouse, pas
plus qu’elles ne chanteront dans les gradins : elles se feront vacciner. Dans
les salons du grand stade de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), s’ouvre ce mardi,
pour une durée indéterminée, le vaccinodrome le plus important du pays.
L’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, qui a assuré que les
10 000 doses hebdomadaires pourront bien être livrées pendant le mois
d’avril, souhaite même « aller rapidement jusqu’à 90 000 doses », a
indiqué l’ARS, qui copilote la structure avec la préfecture, le conseil
départemental de Seine-Saint-Denis, la Croix-Rouge et les sapeurs-pompiers de
Paris.
Aller au contact des publics vulnérables les moins informés
Le vaccinodrome est ambitieux, mais le choix de centraliser autant de doses
dans un même centre est-il pertinent ? La Seine-Saint-Denis est le département
de France qui connaît actuellement la plus grande tension hospitalière, tout en
ayant le taux de vaccination le plus faible, y compris pour les personnes
vulnérables. Le gouvernement a donc imaginé ce vaccinodrome comme un outil pour
rattraper ce retard, mais ce pourrait être tout le contraire. « Il y a
un risque qu’il phagocyte le personnel et les doses prévues pour les centres de
proximité et la vaccination par les médecins et les infirmières, qui nous
disent déjà en manquer », alerte Pierre Laporte, vice-président du
conseil départemental. L’ARS assure qu’elle veillera à une bonne répartition
des vaccins, mais « ce type de structure attire des gens qui peuvent se
déplacer jusqu’au stade, qui en ont l’information. Le risque, c’est de voir
surtout des Parisiens en bénéficier, comme au début de la campagne », insiste
l’élu. En février, les rendez-vous de vaccination se prenaient quasi
exclusivement sur Internet, excluant ainsi les personnes éloignées des outils
informatiques, particulièrement nombreux parmi les populations du 93 éligibles
à la vaccination.
Entendant ces craintes, l’ARS et le département ont décidé de réserver aux
Séquano-Dionysiens la moitié des doses du Stade de France et de mettre en place
une ligne téléphonique pour la prise de rendez-vous. Mais ces 5 000 doses
hebdomadaires auraient sans doute pu être mieux réparties. « La
stratégie du gouvernement est chaotique car elle ne prend pas en compte les
spécificités des habitants. Le vaccinodrome est une bonne chose mais il ne
répond pas aux mêmes objectifs ni aux mêmes cibles », considère
Azzédine Taïbi. Pour le maire de Stains, le nombre de centres de proximité (21
en Seine-Saint-Denis) est largement insuffisant. Les moyens alloués au
vaccinodrome auraient donc pu permettre de l’augmenter considérablement. « C’est
indispensable car la proximité permet beaucoup de choses : on peut plus
facilement aller chercher le public, le rassurer, ce qui n’est pas toujours
facile. C’est avec la proximité qu’on arrivera à vacciner le plus grand nombre
de personnes vulnérables, et dans un rapport de confiance », ajoute
l’édile.
Les collectivités locales ont également les moyens d’approcher les
personnes les plus éloignées des soins. À Bobigny, le centre de la Caisse
primaire d’assurance-maladie (CPAM) se sert ainsi des fichiers de personnes en
perte d’autonomie tenus par le département et des fichiers CPAM des personnes
ayant des comorbidités afin d’attirer les habitants les plus éloignés des
soins.
« Cela
fonctionne bien mais une majorité des personnes contactées nous ont dit que
c’était trop compliqué pour elles d’aller jusqu’à Bobigny », indique
Pierre Laporte. Le même problème se pose pour le Stade de France, mal desservi
pour de nombreuses communes du département. De nombreux élus de
Seine-Saint-Denis demandent à élargir l’accès au vaccinodrome en ciblant des
publics plus adaptés comme les enseignants et les aides à domicile : « S’il
y a assez de doses pour alimenter les centres, les médecins, les infirmières et
le vaccinodrome, alors celui-ci sera totalement adapté pour vacciner les
premières lignes », conclut Azzédine Taïbi.
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