Ces derniers jours, les
attaques contre les Arabes israéliens et les Palestiniens se sont multipliées
dans la ville sainte. Ces crimes, loin d’être isolés, s’accélèrent avec la
présence de formations racistes à la Knesset.
« M o rts aux Arabes ! » Ces appels
au meurtre scandés par des formations ultranationalistes et fascistes du
mouvement Lahava, d’ultra-orthodoxes ont retenti à Jérusalem, dans la vieille
ville, à la porte de Damas, la semaine passée. Surtout, ils se sont accompagnés
d’une explosion d’attaques et de ratonnades contre des Arabes israéliens,
palestiniens, jusqu’à des sympathisants de gauche, voire des journalistes.
Plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux ont montré des employés
arabes travaillant dans des commerces agressés par des jeunes juifs leur criant
: « Jérusalem est à nous ! » Pour le journaliste et historien
Dominique Vidal, « depuis près d’un siècle, l’escalade de la violence
n’a pas cessé – guerres, massacres, expulsions, colonisations… – et
les Palestiniens furent et en restent les principales victimes. Mais je n’avais
jamais vécu une ratonnade de masse de près d’une semaine à Jérusalem ».
« Des crimes d’apartheid »,
selon l’ONG Human Rights Watch
Ces événements témoignent d’un point de rupture dans la société
israélienne. Car le même harcèlement violent se produit dans l’ensemble des
territoires occupés. Pour le député Sami Abu Shehadeh, de la Liste arabe
unifiée à la Knesset, le nouvel élément, c’est le « rôle que joue le
premier ministre israélien ». Il pointe l’alliance, à l’occasion des
législatives du 23 mars, de Benyamin Netanyahou avec le mouvement sioniste
religieux d’extrême droite qui regroupe la formation suprémaciste Force juive,
d’Itamar Ben Gvir, le parti anti-LGBT Noam et le Parti sioniste religieux de
Bezalel Smotrich. « Les alliés de Netanyahou, en particulier les
députés de soutien kahaniste, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ont appelé
leur jeunesse fanatique à envahir les rues, à faire une démonstration de force
et une foule pour harceler et attaquer les Palestiniens. Il était clair
qu’il y avait une coordination avec la police ; ils étaient soutenus par des
politiciens et des membres du gouvernement – pa s une seule
condamnation à ce jour », constate-t-il dans une tribune publiée par
le quotidien Haaretz.
Pire, Bezalel Smotrich a affirmé, ce lundi : « Les Arabes sont des
citoyens d’Israël, du moins pour le moment. Ils ont des représentants, des
députés, pour le moment du moins. » Ces propos haineux
démontrent « une hostilité envers tous les Palestiniens, y compris les
citoyens palestiniens d’Israël », estime Sami Abu Shehadeh. De nombreuses
personnalités alertent sur la multiplication de ce type de crimes du fait la
forte présence à la Knesset de ces formations racistes. À tel point que le
président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a exhorté la communauté
internationale à « protéger » les Palestiniens de
Jérusalem-Est.
Cette dérive extrémiste de la part des autorités israéliennes a été à
maintes reprises dénoncée. Aujourd’hui, face à la constante persécution des
Palestiniens, c’est Human Rights Watch (HRW) qui tire le même constat : « Des
politiques israéliennes abusives constituent des crimes d’apartheid et de
persécution. » Dans un rapport de 213 pages publié mardi, l’ONG
rejoint les conclusions rendues publiques par l’organisation de défense des
droits de l’homme B’Tselem, en janvier, en pointant une politique globale du
gouvernement israélien qui vise à maintenir la domination des Israéliens juifs
sur les Palestiniens. « Depuis des années, des voix éminentes ont
averti du risque d’apartheid (…). Cette étude détaillée révèle que les
autorités israéliennes ont déjà franchi ce seuil et commettent aujourd’hui les
crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution », a déclaré Kenneth
Roth, le directeur exécutif de HRW. Côté israélien, la réponse est d’accuser le
rapport de frôler « l’antisémitisme », comme l’a stipulé
l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Guilad Erdan.
Ces dernières années, de
nombreuses voix israéliennes et palestiniennes n’ont cessé de dénoncer cet état
de fait. L’historien Zeev Sternhell expliquait dans l’Humanité
Dimanche : « En territoires occupés, c’est le régime de l’apartheid
qui prévaut. Et cela suinte sur la société israélienne. Car ce système de
colonisation est au bout de notre rue. » Depuis de nombreuses années,
ce militant pacifiste et antifasciste israélien n’a cessé d’alerter sur « le
nationalisme israélien, le nationalisme juif » qui s’est durci et
accéléré au XXIe siècle « du fait de l’occupation ». Il a
engendré « un sentiment de supériorité ethnique qui se développe au
sein de la droite israélienne. Aujourd’hui, on parle de droits sur la terre
fondés par la parole divine. Nous sommes les maîtres du pays ».
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