Parlera, parlera pas. Ce sera finalement vendredi, a annoncé mercredi Jean
Castex, après un suspense insoutenable. Voilà un an que nos vies, jusqu’aux
plus fondamentales de nos libertés, sont suspendues à la sacro-sainte parole
présidentielle, qui vient régulièrement dicter nos faits et gestes : ici nous
annonçant, martial, une « guerre » ; là, trivial, le principe des gestes
« barrières ».
Cette théâtralisation grotesque de la parole présidentielle cherche en vain
à masquer les erreurs politiques de l’exécutif face à une épidémie qui est loin
d’avoir dit son dernier mot. Pour la huitième fois depuis mars dernier, le
président s’apprêterait donc à « s’adresser aux Français », car,
il l’assume désormais sans fard, c’est lui, et lui seul, qui prend les –
mauvaises – décisions, dans une concentration du pouvoir à son paroxysme, quand
tout dicterait le dialogue et la délibération collective avec le Parlement et
les corps intermédiaires.
Piégé après avoir annoncé le grand soir pour la mi-mai, le président va
devoir ruser pour ne pas avoir à se déjuger. La menace des variants brésiliens
et sud-africain, qui représentent déjà 9 % des contaminations en
Île-de-France, a changé la donne. Les réanimations restent saturées, les
soignants épuisés. Déconfiner trop vite, trop fort, condamnerait à un nouveau
retour en arrière dans quelques semaines et reporterait toujours plus loin le
bout du tunnel tant attendu.
Trop confiant dans son
« pari » de janvier, l’exécutif s’est empêtré dans son aveuglement, refusant de
regarder en face la réalité de la flambée épidémique, tout en misant sur une
stratégie vaccinale contestable, comme nous le démontrons aujourd’hui dans ces
colonnes. Minimisant la menace des variants brésiliens, qui envoient en
réanimation une population beaucoup plus jeune, il aura fallu l’intervention de
l’opposition au Parlement pour que l’exécutif consente enfin à prendre des
mesures. « Le maître du temps, c’est le virus », a fini par
lâcher celui qui se voulait le maître des horloges. Il serait temps que
l’autoproclamé « président jupitérien » redescende sur Terre.
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