Les élections départementales, jumelées au scrutin régional auront donc lieu les 20 et 27 juin. La crise sanitaire aura engendré de difficiles et tristes moments. Mais parfois, elle nous a procuré quelques surprises. Je ne sais pas si vous l’avez, comme moi remarqué, mais depuis ce mois de mars 2020, chaque semaine, le jeudi en règle générale, nous découvrions sur nos écrans des cartes indiquant l’évolution de la pandémie, département par département. Des départements de toutes les couleurs, verts, rouges, oranges…Ces départements dont on voulait la disparition réapparaissaient, sous nos yeux ébahis. Confinés, certaines et certains d’entre nous, allaient même jusqu’à se remettre en mémoire leurs numéros, qu’enfants, nous apprenions par cœur. 32 ! Le Gers, 40 ! Les Landes…Bravo !
L’Histoire avec un grand H faisait son retour. Je me souviens de cette formule d’une journaliste du Monde, « Déconfinement, ce qu’on doit à la Révolution ». Avec la pandémie, les départements et la France jacobine étaient de retour. Par crainte sans doute, que la mémoire me joue des tours, j’ai précieusement gardé ce propos tenu par Jean-Emmanuel DUCOIN, talentueux journaliste de l’Humanité, dans son célèbre bloc-notes, je le cite : « Un peu de mémoire. Si « la nécessité fait loi », selon la célèbre expression proverbiale, et si nous assistons à une sorte de redépartementalisation de la France jacobine, n’oublions pas que ceux qui s’en félicitent désormais sont les mêmes qui, depuis plus d’une décennie, nous annonçaient avec réjouissance la disparition programmée des dits départements, pris en étau entre les régions conquérantes dopées par le modèle européen et les intercommunalités et autres métropoles créées à marche forcée. » Bien vu Jean-Emmanuel.
Sous les présidences successives de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy, de François Hollande et du petit dernier, Emmanuel Macron, l’échelon départemental devait disparaître. Il fallait en finir avec le fameux « mille feuilles territorial ». Au fil des années les projets se sont succédé, pour annoncer la mort prochaine des départements. Ainsi, la loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) promulguée en août 2015 prévoyait la création de la métropole du Grand Paris au 1er janvier 2016, entraînant la fusion des départements de la petite couronne parisienne avec Paris. Un même schéma concernait d’autres grandes métropoles. Dès son élection, Emmanuel Macron avait confirmé cette volonté. Ainsi, Le Monde dévoila un document de travail élaboré par le préfet d’Île-de-France. Dans ce rapport revenait le vieux projet de supprimer les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis ainsi que le maintien de la Métropole du Grand Paris dans ses limites actuelles.
Cependant la messe était loin d’être dite. Les départements d’Île de France ont fait front commun. Christian Favier, le Président du Val de Marne a été à l’initiative d’une vaste campagne sur le thème « Mon Département, j’y tiens ». Une pétition s’est couverte de milliers de signatures dans toute la région. Elle fera tache d’huile dans de nombreux départements, dans tout le pays. Actions et initiatives se sont multipliées durant toute l’année 2018. Le 30 novembre les sept présidents des Conseils départementaux se feront confirmer par la ministre Jacqueline GOURAULT que les départements ne seraient pas supprimés.
Certains ont assimilé ce significatif recul du gouvernement comme une victoire d’élus ayant défendu « UNE INSTITUTION » « LEUR PRÉ CARRÉ ». Il n’en n’est rien. Je peux en témoigner pour avoir participé à la campagne des départementales en 2015. Nous nous sommes efforcés de faire appel au bon sens et à l’intelligence de nos concitoyen-n-e-s. Une fois de plus, nous allions les éloigner davantage des pouvoirs de décision. Il était envisagé de confier à la région la responsabilité des collèges, qui aurait eu à gérer 1159 établissements avec les lycées dont elle a la charge. Sincèrement quelle efficacité pouvait-on en attendre ? Les affaires sociales devaient revenir aux intercommunalités – devenues territoires. Alors qu’on nous répétait sur tous les tons que cette réforme visait à réduire les inégalités sociales et territoriales, elles se seraient aggravées. Le département à fait la preuve qu’il est le seul espace pertinent pour traiter de manière égalitaire tous les citoyens. Les missions de cette collectivité font partie intégrante de la vie quotidienne des habitants. Collèges, Santé, Crèches, Revenu de Solidarité Active (RSA), Aide sociale à l’enfance, Prévention spécialisée, voirie, assainissement, espaces verts, biodiversité, culture…Voilà ce que les candidat-e-s du Parti communiste et du Front de gauche ont porté dans cette campagne 2015.
Je me réjouis d’avoir vu, le président du Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis, dire non avec ses collègues socialistes, à ce coup de Jarnac, et à mettre en ligne durant toute l’année 2018 une pétition de défense des services publics sur le site du Département. Cela tranche avec l’ambiguïté qui était celle des candidats socialistes, en 2015. Elles, ils, soutenaient la loi NOTRe, qui entérinait la fusion des départements de la petite couronne parisienne en 2020, et dans le même mouvement, se présentaient candidat-e-s pour une institution, que cette même loi proposait de faire disparaître. À la veille du prochain scrutin, nous y aurons gagné en clarté, et c’est mieux ainsi.
Comment pourrais-je ne pas me féliciter de ce nouveau positionnement de Stéphane TROUSSEL lorsque l’on prend connaissance de son propos, publié dans une tribune du JDD, le 24 janvier 2016, sous le titre : « Grand Paris, petite souris ? », 10 mois après avoir été réélu Président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis. Je le cite : « Moderniser la gouvernance de la capitale pour répondre mieux à la réalité des besoins est une belle idée. Une urgence même. Mettre fin aux inégalités territoriales qui minent son développement et qui s’enracinent dans un découpage politico-administratif dépassé par la réalité de la vie des habitants serait une idée progressiste, mais ce sera pourtant la grande occasion manquée… J’AVAIS PROPOSÉ QU’ON FUSIONNE À TERME LES DÉPARTEMENTS DE PARIS ET DE LA PETITE COURONNE POUR CONSTRUIRE UNE MÉTROPOLE PUISSANTE, REDISTRIBUTRICE ET DÉMOCRATIQUE. JE RESTE CONVAINCU QUE C’EST UNE BONNE SOLUTION, MAIS LE MANQUE D’AUDACE ET DE COURAGE L’EMPÊCHERA ».
En cette fin avril 2021, confinés autrement, nous continuons d’apercevoir sur nos écrans ces départements en première ligne avec les communes, poursuivant leurs actions solidaires. Vigilance pourtant ! Méfions-nous des apprentis sorciers, des adeptes des big-bangs institutionnels, capables de faire entrer par la fenêtre, ce qu’on a, sous la pression, fait sortir par la porte. Notre monarque prépare le printemps 2022, accompagné de comparses tout autant porteurs de mauvaises intentions. Les scrutins régional et départemental nous donnent l’occasion de leur rappeler que nous restons mobilisés. Pour ma part, j’exprimerai mon attention par mon vote en faveur de Tony LAÏDI, de Raquel GARRIDO, de Solenne LE BOURHIS et de Nic PIROLLI, leurs suppléant-e-s, pour un département bien ancré à gauche. Aux régionales, pour la liste conduite par Clémentine AUTAIN, sur laquelle figurent Christophe PRUDHOMME, Brigitte MORANNE et Mohamed DJENNANE.
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