Retour au réel. Après un 1er Mai 2020 virtuel pour cause de
confinement, les syndicats réinvestissent les rues, ce samedi. Dans un contexte
de crise aiguë (763 plans sociaux en un an, 300 000 destructions d’emplois…),
les traditionnels défilés porteront les revendications des travailleurs. Mais
auront aussi la rude tâche de commencer à construire un rapport de forces pour
déjouer le scénario de sortie de crise concocté par le gouvernement.
Car, aujourd’hui, personne ne peut se bercer d’illusions. Le « quoi qu’il
en coûte » d’Emmanuel Macron ne s’est pas accompagné d’une révélation sur
l’impéritie des dogmes néolibéraux. Des milliards ont été déversés pour
soutenir l’activité économique – avec un effet certain –, mais sans réel
fléchage, ou contreparties. Un an plus tard, le constat est simple. Les grandes
entreprises ont profité de l’aubaine. Les restructurations opportunes se sont
multipliées. Les poches des actionnaires, chouchoutés par les cadeaux fiscaux,
sont gonflées comme jamais. Et les ayatollahs de la réduction des dépenses
publiques sont de retour. Brandissant l’épouvantail de la « dette Covid », ils
comptent désormais avancer leurs pions en faisant payer la facture aux Français
de première et seconde ligne.
Le ministre de
l’Économie, Bruno Le Maire, ne s’en cache pas : aux « réformes structurelles »
déjà en route (assurance-chômage, loi Asap, etc.), va s’ajouter, dans les
mois qui viennent, une nouvelle cure d’austérité, véritable corollaire du plan
de relance gouvernementale à 100 milliards d’euros. Baisse des dépenses,
recul des services publics… Des recettes éculées, auxquelles même le pays roi
du capitalisme – les États-Unis – s’apprête à tourner le dos, sous l’impulsion
de Joe Biden. Mais, de ce côté-ci de l’Atlantique, Emmanuel Macron n’en a ni la
volonté, ni la lucidité, préférant, à un an de la présidentielle, battre le
rappel sur les thèmes sécuritaires et identitaires. Perspective navrante
qu'un puissant mouvement social, dont ce 1er Mai doit être une étape, est
à même de bousculer.
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