Rapport égalité femme-homme
INTERVENTION
DE BRIGITTE MORANNE AU CONSEIL MUNICIPAL DU 08 AVRIL 2021
L’égalité femmes-hommes ne peut se concevoir sans promouvoir l’égalité professionnelle, la lutte contre la précarité, l’éducation, la sensibilisation contre le sexisme, un service public de la petite enfance, le renforcement de la parité et enfin la lutte contre les violences.
Malgré la loi de 2014, les inégalités perdurent dans le monde du travail. Les filles réussissent mieux que les garçons à l’école, en général. Mais cette bonne performance ne se retrouve pas dans la sphère professionnelle. Le salaire des hommes est en moyenne supérieur de 26% à celui des femmes. 80% des salariés qui ont un contrat à temps partiel sont des femmes. Sur notre commune, sur 20 employés à temps partiel, 16 sont des femmes, s’il ne s’agit pas de temps partiel imposé, cela démontre que c’est souvent le parent au plus bas salaire qui fait le choix du temps partiel pour l’éducation des enfants.
Les femmes sont surreprésentées dans les
professions incarnant les « vertus dites féminines « comme la
santé ou encore les services à la personne. Et elles sont « 7 sur 10 à
déclarer que leur activité habituelle est essentielle au pays contre 6 hommes
sur 10 » Ces Stéréotypes de genre se retrouvent aussi sur notre commune
puisque dans la filière médico-sociale, en catégorie C et B, les 53 agents sont
des femmes. Des métiers souvent peu rémunérés et aux conditions de travail
difficiles, dont la pénibilité n’est pas reconnue.
En ce qui concerne l’égalité salariale, en 2021, les femmes n’ont toujours pas obtenu l’égalité professionnelle qui passe par un salaire égal à celui des hommes pour un travail de valeur égale. Elles perçoivent en moyenne 26% en moins en France. Les femmes représentent 50% de la population active, mais elles ne contribuent qu’à 37% du PIB. Pourtant, l’arsenal législatif existe pour parvenir à l’égalité professionnelle.
Les
mobilisations des femmes, des associations féministes et des organisations
syndicales unies ont permis d’obtenir une avancée en matière d’égalité
salariale avec la mise en place d’une obligation de résultat pour les
entreprises, mais le décret de septembre 2018 vide de son efficacité le
dispositif voté en juillet 2018 et permet aux entreprises de dissimuler les
écarts de rémunérations. (Les indicateurs choisis rendent invisibles les
discriminations et un seuil de tolérance de violation de la loi a été
introduit.)
Dans
ce rapport est cité l’accès à l’IVG sur notre commune. C’est important de le
souligner, en Seine-Saint-Denis, le conseil départemental met en œuvre depuis
de nombreuses années, ce service public que sont les centres de planification
et d’éducation familiale avec le soutien des villes, des hôpitaux, des
universités et des associations partenaires.
Mais
la situation n’est pas la même partout en France. Les obstacles sont
nombreux : fermeture de 130 centres en 10 ans, manque de structure de proximité
et de valorisation de l’acte, manque de professionnels, sites de
désinformation, discours culpabilisateurs et moralisateurs par des mouvements
réactionnaires. Le 5 Avril 1971 le nouvel observateur publiait le manifeste des
343, un texte en faveur du droit à l’IVG signé par des anonymes et des
personnalités soutenues par l’avocate Gisèle Halimi. Le combat collectif aura
abouti en 1972 lors du procès de Bobigny à l’acquittement d’une adolescente
accusée d’avoir avorté après un viol. En1975, ce combat permettra la
législation de l’IVG, courageusement porté au parlement par Simone Veil.
Mais
50 ans après, nous retenons que rien n’est jamais gagné. Alors que faute de
structures, 5000 femmes vont avorter tous les ans à l’étranger, des députés
proches de la Manif pour tous viennent de faire capoter un projet de loi pour
en faciliter l’accès. Ce projet prévoyait l’allongement du délai légal à 14
semaines ainsi que l’annulation de la clause de conscience.
Sur les violences faites aux femmes, dès 2002, le département de Seine-Saint-Denis, avec le Docteur Lazimi était la première collectivité à mettre en place un observatoire des violences envers les femmes et créer une politique de protection des femmes victimes de violence. Dans notre département, un réseau associatif important et plusieurs dispositifs sont en place pour prendre en charge les victimes avec le soutien des villes comme cela est cité dans le rapport, sur notre commune.
Malgré des campagnes de communication et de plusieurs plans interministériels, les moyens restent insuffisants. Les dernières statistiques montrent qu’une femme meurt tous les 2 jours et demi des violences de son conjoint ou de son ex compagnon. 213 000 femmes déclarent en moyenne chaque année être victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint. Des violences qui se sont multipliées pendant le confinement.
La crise sanitaire et le confinement auront mis au grand jour les inégalités de genre. Au cœur de la pandémie une très grande majorité de femmes étaient en première ligne (soignantes, aides à domicile, aides ménagères, agentes d’entretien, caissières, professionnelles de la petite enfance). Ce sont toutes ces personnes qui ont continué à travailler, bien souvent avec la peur d’être contaminées et de transmettre le virus à leurs proches. Beaucoup d’entre elles sont allées travailler sans aucune protection en début de crise et certaines l’ont payé de leur vie comme Aïcha, caissière depuis 30 ans à l’hypermarché de Saint Denis aura été la première victime du covid -19 parmi le personnel du groupe de grande distribution, elle n’avait que 52 ans. Concernant le télétravail, bien souvent, les femmes, dont de nombreuses enseignantes et personnels administratifs ont dû assurer la scolarité de leurs enfants, les tâches ménagères et partager leur espace de travail avec leur famille. Dans ces conditions inadaptées, le télétravail a engendré une forte augmentation, de stress, d’anxiété et de troubles musculosquelettiques.
Alors, un an après qu’en est-t-il de la reconnaissance de ces métiers à prédominance féminine. Ni reconnaissance salariale, ni reconnaissance des compétences. Le chemin est encore long pour parvenir à une égalité femme-homme dans la vie, au travail et plus largement dans notre société. Les chiffres dans ce rapport le montrent : Sur les 31 agents reçus par l’assistante sociale du travail, 71% sont des femmes. Au CCAS, 72% des demandes d’aides facultatives concernent les femmes et enfin 60 % des bénéficiaires du RSA sont des femmes.
En conclusion, si les statuts de la fonction publique permettent d’assurer une égalité salariale dans le sens où à grade égal, salaire égal, néanmoins, les professions à prédominance féminine sont dans l’ensemble les moins valorisées.
Et enfin, je finirai sur la loi
de transformation de la fonction publique citée dans ce rapport. Si cette loi
prévoit bien un volet concernant l’égalité professionnelle entre les hommes et
les femmes, elle contourne le statut de la fonction publique, garant de la
neutralité du service rendu et de l’égalité des droits des agentes et agents
mais aussi des usagères et usagers. Elle
réduit également les capacités des organisations syndicales à défendre
collectivement les droits des agentes et des agents publics en termes de
carrière et de santé et sécurité au travail par l’affaiblissement des CAP et la
suppression des CHSCT.

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