Le célèbre prisonnier politique états-unien,
potentiellement positif, se voit refuser tout traitement alors qu’il présente
des symptômes.
Emprisonné depuis trente-huit ans aux
États-Unis, Mumia Abu-Jamal, l’un des détenus politiques les plus connus au
monde, pourrait être menacé par une contamination au Covid-19 et voir sa vie
menacée faute de soins, dénonce sa porte-parole Johanna Fernandez. Selon cette
dernière, le journaliste et activiste des Black Panthers, accusé du meurtre
d’un policier à Philadelphie au début des années 1980, s’est plaint de
difficultés croissantes à respirer et de douleurs dans la poitrine. Des
symptômes que la direction du centre de Waynesburg en Pennsylvanie a catégoriquement
refusé de considérer comme des signes d’une possible infection.
Les prisons utilisent la pandémie comme
une forme « d’exécution silencieuse » pour les détenus âgés
particulièrement vulnérables aux maladies mortelles, alerte le journaliste
états-unien David Lindorff, auteur d’un livre de référence sur le cas de Mumia
Abu-Jamal, dont la détention demeure l’un des symboles de l’iniquité du système
carcéral aux États-Unis.
Pour mémoire, le militant progressiste a
été condamné en 1982 à la peine de mort pour le meurtre de Daniel Faulkner, un
policier de Philadelphie. Alors chauffeur de taxi, une manière de gagner
quelques dollars en plus de son activité de journaliste, bien identifié par les
autorités comme favorable au combat de ce qu’il reste du Black Panther Party,
il est retrouvé assis sur le trottoir, une balle dans le ventre, avec, gisant
près de lui, un revolver de calibre 38 et le policier Daniel Faulkner,
mortellement atteint de cinq balles.
Politique carcérale lucrative
Le début de la décennie 1980
correspond à la fin d’une période particulièrement mortifère pour le mouvement
des droits civiques aux États-Unis. Afin de liquider ce dernier, le FBI a mis
en place un vaste programme de contre-espionnage, baptisé Cointelpro, pour
affaiblir les organisations politiques susceptibles de s’attaquer au
gouvernement fédéral. Si les résidus du Ku Klux Klan ou du Parti nazi américain
vont être visés par cet agenda clandestin, ce sont bien les organisations
progressistes révolutionnaires, des Amérindiens aux disciples de Martin Luther
King comme ceux des Black Panthers, à l’instar de Mumia Abu-Jamal, qui vont
être dans la ligne de mire.
Les défenseurs du journaliste
afro-américain, depuis son incarcération en 1982, ont largement fait la
preuve du caractère non équitable du procès qui a abouti à sa condamnation
à mort. Et lui-même, journaliste engagé, n’a cessé de démontrer la sincérité de
son engagement journalistique en faveur des plus pauvres et des opprimés.
Atteint d’une cirrhose du foie, d’un diabète et d’une hépatite C, Mumia
Abu-Jamal incarne également le combat contre la politique carcérale
états-unienne, devenue un lucratif débouché du capitalisme que le nouveau
président démocrate Joe Biden prétend combattre.
À peine élu, ce dernier a en effet signé
un décret programmant la fin des prisons fédérales gérées par le secteur privé,
un geste censé lutter contre la politique d’incarcération de masse, dans un
pays qui concentre 25 % des prisonniers de la planète, soit davantage que
la Chine et la Russie réunies. « C’est une décision très importante,
mais ce n’est qu’une première étape », avait réagi David Fathi, directeur
du National Prison Project au sein de l’Aclu, la principale association à but
non lucratif américaine.
En attendant les résultats concrets de cette
politique, les soutiens de Mumia Abu-Jamal appellent à un
rassemblement, ce mercredi 3 mars, à 15 h 30, place de la Concorde, à
proximité de l’ambassade des États-Unis.
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