Le nombre des contaminations flambe, mais le président de la
République « assume » sa stratégie face au Covid. Les
décisions qu’il a prises, et celles qu’il n’a pas prises. Les retards
d’approvisionnement en vaccins, faute d’offensive sur les brevets, les hôpitaux
saturés dont les capacités n’ont pas été renforcées de façon pérenne ? Il faut
croire qu’il assume aussi. C’est étrange, cette manie des gouvernants à « assumer » surtout
les choix qui engagent l’avenir des autres plus que le leur. Elle est, en tout
cas, la dernière ressource qui reste au roi quand rien ne peut plus déguiser
son bilan : « J’assume. » L’acte d’autoritarisme suprême censé
mettre fin à la discussion. Vous n’êtes pas d’accord ? J’assume. Fermez le ban.
La négation de la démocratie.
Le débat sur le confinement se poursuit ainsi, comme il a commencé. On peut
trouver un tantinet ridicule le mea culpa, de l’autre côté du Rhin, de la
chancelière Angela Merkel. Il n’empêche que, quand l’une s’en remet, certes
symboliquement et non par les urnes, à la sévérité du jugement de ses
compatriotes sur ses « erreurs » prétendues, le président français dit qu’il
endosse tout et ne regrette rien.
Il serait pourtant
excessif de faire porter la responsabilité exclusive de la dégradation de la
situation sanitaire sur Emmanuel Macron. L’inconnu que constituait et constitue
toujours le Covid-19 rend les effets des décisions pour une part imprévisibles.
Fallait-il reconfiner plus tôt ou plus strictement ? Il n’existe pas de réponse
univoque à cette question, à la différence du choix simple et raisonnable qu’il
eût fallu faire d’ouvrir plus de lits d’hôpital. Mais le propre du monarque est
de traiter des affaires de la nation comme s’il s’agissait d’une responsabilité
personnelle. Depuis le début, Emmanuel Macron gère l’état de crise en monarque.
Son « j’assume » en est la marque ultime. Il en est aussi la
limite : en réalité, il n’assume rien, puisque personne ne peut lui demander de
comptes. Les institutions de la Ve République le protègent. Le summum de
l’irresponsabilité.
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