Lundi, à l’issue d’une troisième table ronde entre patronat et syndicats, le premier ministre a annoncé la prolongation de certaines aides à l’embauche des jeunes et le renouvellement de la prime Macron. Des demi-mesures loin de régler la question des bas salaires.
Omettant soigneusement les dossiers les plus chauds – réforme de
l’assurance-chômage et réforme des retraites en tête –, le gouvernement a
tenu, hier, à mettre en avant les quelques miettes sociales destinées aux
salariés plongés depuis un an dans une crise sanitaire aux effets dévastateurs
pour l’emploi. À l’issue d’une troisième conférence du dialogue social
réunissant patronat et syndicats lundi après-midi, le premier ministre, Jean
Castex, a en effet annoncé la prolongation des aides à l’apprentissage jusqu’à
la fin de l’année 2021, pour un montant de 2,4 milliards d’euros. Toujours
dans le domaine de l’emploi des jeunes, le gouvernement a indiqué que l’aide à
l’embauche des salariés de moins de 26 ans se terminerait fin mai.
Celle-ci devrait se recentrer à partir d’avril sur les emplois versant des
salaires représentant jusqu’à 1,6 fois le Smic « dans une logique
de sortie progressive des aides ». Cette subvention s’élève à
1 000 euros par trimestre de contrat (pendant un an au maximum). L’année
dernière, les entreprises françaises ont déposé 340 000 demandes pour
cette prime.
La prime de 1 000 euros, un écran de fumée sur la question salariale
Face aux critiques des syndicats sur l’absence de reconnaissance des
travailleurs impactés par la crise sanitaire, Jean Castex a expliqué que la
prime Macron de 1 000 euros défiscalisée et exonérée de cotisations
sociales pourrait être reconduite en 2021 « pour tous les salariés ». « Il
sera possible d’en augmenter le montant jusque 2 000 euros pour les
entreprises et les branches qui auront soit conclu un accord d’intéressement
d’ici à la fin de l’année, soit ouvert une négociation sur la valorisation des
métiers » dits de « deuxième ligne », qui devront être
les « bénéficiaires privilégiés » de cette prime, a précisé le
locataire de Matignon.
Une obole loin d’être systématique, comme l’a rappelé hier le secrétaire
général de la CFDT, Laurent Berger. Dénonçant l’attitude d’ « opposition
frontale » du Medef contre la prime, celui-ci estime que les
organisations syndicales devront « se battre pour qu’elle soit versée ». « Nous
avons souhaité qu’il y ait un droit de retour de l’État si jamais les branches
ne s’y engageaient pas (…) une contrainte beaucoup plus forte. Ça n’a pas été
retenu », a-t-il déploré.
Même défiance du côté de la CGT. « On avait déjà l’expérience de la
première (prime Macron), on nous avait annoncé 1 500 euros, mais peu ont
touché 1 500 euros », a réagi le numéro un du syndicat, Philippe
Martinez, au micro de France Info lundi soir. « Tant que ce n’est pas
obligatoire, c’est au bon vouloir des employeurs », précise-t-il. Surtout,
cette question de prime occulte le fond de la question salariale. « Le
problème qui est posé, c’est tous ces bas salaires qui, bien souvent dans les
conventions collectives, démarrent en dessous du Smic. Et là, il y a un refus
du gouvernement de l’augmenter, parce que si vous élevez le plancher, cela
oblige à négocier dans les branches à un certain niveau », a souligné
Philippe Martinez. Le secrétaire général de la CGT a en outre critiqué
l’absence de conditionnalité des aides aux entreprises. « Dans un
certain nombre d’entreprises, on a bien vu que ces aides servent à financer des
plans dits “sociaux”, c’est-à-dire des licenciements », a-t-il
insisté.
En plus de ces annonces,
le gouvernement a avancé des pistes de calendrier social. Des concertations sur
le partage de la valeur avec syndicats et patronat devraient ainsi s’ouvrir en
avril. Des discussions dans le cadre du suivi de la réforme de la formation
professionnelle devraient également avoir lieu prochainement, notamment sur le
financement de France Compétences. Le mois prochain, l’exécutif ambitionne
également de « commencer les travaux avec les partenaires sociaux afin
de clarifier les responsabilités entre paritarisme et État sur la gouvernance
de l’assurance-chômage » dans le but d’assurer « un équilibre
financier pérenne » du régime. Pour ce qui est de la réforme des
retraites, en revanche, le gouvernement a pris soin de ne pas évoquer ce sujet
sensible, alors même que le Medef, par la voix de Geoffroy Roux de Bézieux,
avait affirmé lundi qu’elle était « morte et enterrée ».

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